Le pitch : Amleth, jeune prince norvégien, voit sous ses yeux son père être brutalement assassiné par son oncle. Contraint de fuir son monde, il embrasse le mode de vie des Berserkirs. Des années plus tard, les trames du destin l'amènent à perpétrer la vengeance qu'il s'est promis de réaliser.
Critique : Difficile de catégoriser The Northman. Sur le papier, film de vikings et de vengeance des plus banales. Oubliez le film de vikings ! Le terme "viking" induit l'exploration de terres étrangères par des guerriers/marchands. Cet aspect est quasi inexistant dans le film de Eggers, se concentrant essentiellement sur la vengeance. Un film de vengeance donc, sur fond de monde nordique de la fin du premier millénaire.
Disposant d'un budget de près de 80 millions de dollars, le film ne les utilise pas en CGI foireux ou en grandes scènes de batailles, mais en décors naturels et costumes d'époque. L'immersion est totale (le film ayant été tourné en grande partie en Islande), on se croit véritablement dans ce monde froid, primal et violent. Quasi maladive dans le cinéma de Eggers, les plans séquences sont ici parfaitement adaptés au contexte historique et brutal qui entoure les événements de son film. Les dialogues sont d'ailleurs orientés vers ce souci de fidélité historique, entre utilisation de langage désuet et de vieux Norrois. La mythologie nordique tient une place prépondérante dans le métrage, notamment pour servir de guide spirituel au personnage principal. Ce dernier est entouré de visions, de prophéties, de chamanisme et autres interventions divinos-spirituels à la frontière du réel et de l'imaginaire.
En plus de disposer d'une mythologie charmeuse, le film dispose d'une bande son à vous en donner la chair de poule. Entre tambours entrainants, chants gutturaux et flutes ensorcelantes, le délice auditif est total dans cette œuvre singulière, à l'heure où la norme est au rap US ou à la bande son des 80's.
Vous l'aurez compris, l'immersion est totale. Mais alors qu'en est-il de l'histoire ? Disons qu'elle est relativement classique dans ses tenants et ses aboutissants, la finalité ne m'ayant aucunement surpris. En revanche, le chemin est bestial, animal... Porté par une incarnation tout en force et en rage d'Alexander Skarsgard, le personnage d'Amleth passe par de multiples états dans sa quête de vengeance. Sa proximité avec le monde animal est sans cesse retranscrite à l'écran, que ce soit par les mimiques ou les postures adoptés, ou encore les interventions divines qui ponctuent son parcours. Amleth est l'indéniable point fort du film, bien que quasi déshumanisé par sa quête dévorante. Ses points d'attache dans ces événements violents sont les deux personnages féminins. Le premier est celui de la mère, interprété par Nicole Kidman. qui symbolise ici l'objectif à atteindre. Le second est celui de l'esclave slave Olga, incarnée par Anya Taylor-Joy, actrice fétiche de Eggers. Elle est d'une aide précieuse pour Amleth, autant d'un point de vue pratique que spirituel. L'antagoniste est ici l'oncle d'Amleth, personnage antipathique au début du récit, mais qui révélera des motivations plus nuancés. Les thématiques de la famille, de l'amour et de l'honneur sont clairement au cœur du récit, faisant de cette violente saga une histoire universelle qui parlera au plus grand nombre.
En résumé : Film à l'ambiance enchanteresse, au propos sombre et violent, The Northman brille par sa direction artistique et photographique d'exception. Le scénario sans surprise est oublié au profit d'un développement intéressant du personnage principal et d'une interprétation de haut niveau de la part de toute la distribution.