Dans son premier long-métrage Les Mains libres, Brigitte Sy mettait en scène une cinéaste qui, alors qu'elle travaille avec des détenus pour écrire un film, tombe amoureuse d'un prisonnier. Un film inspiré par sa propre histoire, puisqu'elle a été enseignante de théâtre dans des prisons, et est tombée amoureuse d'un ex-détenu qu'elle a épousé. Une singulière histoire d'amour qui a aussi inspiré à son fils, l'acteur et réalisateur Louis Garrel, la comédie L'Innocent.
Avec Le Bonheur est pour demain, elle continue de mettre en scène une histoire d'amour dans un univers carcéral : "Même si c'est inspiré de l’histoire d’une personne, avec des faits qui lui sont propres, c’est aussi mon histoire. Je l’ai vécue comme une expérience intime, très personnelle, aussi bien du côté de la mère (Béatrice Dalle) que de la jeune femme amoureuse d’un prisonnier (Laetitia Casta), qui me sont toutes les deux très proches."
Brigitte Sy s'est inspirée de plusieurs histoires vraies, dont celle d'une femme, Sylvie, devenue Sophie dans le film : "Au regard de son histoire, beaucoup de choses ont été changées, certains détails ont été respectés, comme la période à laquelle cela se déroule, en 1994 ou le mode opératoire de l’évasion. Mais le récit combine plusieurs autres faits-divers et des situations complètement inventées pour le récit, comme l’histoire de l’enlèvement de l’enfant."
Elle ajoute : "Cette femme Sylvie, m’a un jour appelée car elle était amie avec un homme que je connaissais de la prison de La Santé où j’avais travaillé. C’était au moment de la sortie de L’Astragale, en 2015. Je réfléchissais à un prochain sujet de film." Les deux femmes se sont entretenues régulièrement pendant des semaines, et leurs discussions ont nourri le scénario du Bonheur est pour demain.
À l'origine, le film s’appelait L’Ange et le Pistolet, en lien avec le tatouage qu’on voit furtivement dans le film, représentant un ange avec un pistolet.
Brigitte Sy dirige Laetitia Casta qu'elle connaît bien, puisqu'il s'agit de sa belle-fille, l'actrice étant en couple avec son fils, Louis Garrel. De plus, l’enfant que le personnage de Sophie a au début du film, Rocco, est celui de Casta et de Garrel. "Avec Laetitia nous rêvions de tourner avec Azel, qui avait 15 mois lors du tournage et que j’ai rajeuni par rapport à l’histoire. La première fois que je l’ai vu dans l’œilleton de la caméra, j’ai cru revoir Louis quand il jouait dans Les Baisers de secours (1989) de Philippe Garrel, et même si mon fils était plus grand, (5 ans) je l’ai reconnu", raconte la réalisatrice.
Le Bonheur Est Pour Demain a été filmé à Roubaix et à Lille. La plupart des scènes sont des décors, comme l'explique Brigitte Sy : "Une friche à Roubaix a été aménagée en décor de prison. En particulier pour les parloirs. Ce type de parloirs que l’on voit dans le film, où un couple peut se voir en toute intimité, y faire l’amour, n’existent que dans certaines centrales pour les condamnés à une peine d’au minimum dix ans. En maison d’arrêt, c’est différent. J’ai reconstitué fidèlement les box d’une centrale que j’ai connue où il est possible de verrouiller la porte de l’intérieur, avec une vitre qu’il est permis d’occulter pour être tranquille". Quant aux façades, il s'agit de véritables prisons, une à Douai et l’autre à Dunkerque.