Eugénie Grandet est une adaptation du roman du même nom d’Honoré de Balzac, publié en 1834. Ce n’est pas la première fois que ce livre inspire le cinéma : des Français l’ont porté à l’écran (Émile Chautard et Victorin Jasset en 1910) mais également des réalisateurs américain (Rex Ingram en 1921), italien (Mario Soldati en 1946) et mexicain (Emilio Gomez Muriel en 1953).
Marc Dugain revient sur l’écriture d’Eugénie Grandet et ses choix d’adaptation : « J’ai ciblé les scènes du livre que je voulais garder et celles que je voulais laisser de côté. J’ai dessiné un patchwork, puis je me suis mis à écrire de manière fluide et presque automatique, guidé par l’importance que je donnais à tel ou tel passage et en toute liberté. Il me fallait adapter la langue de Balzac pour un public d’aujourd’hui afin qu’elle ne paraisse pas trop désuète. »
Pour Marc Dugain, il était important de faire éprouver au spectateur le temps qui s’écoule car le personnage d’Eugénie s’ennuie profondément : « Son père ne la laisse pas lire le soir ; la journée, elle fait de la couture devant une fenêtre… Cette façon d’exercer le pouvoir de Grandet, qui impose l’ennui à sa fille, est au cœur du film. »
Eugénie Grandet raconte l’histoire d’une prise de pouvoir par la religion, par l’argent, par tous les moyens. Pour le réalisateur, « Le père Grandet est la personnification du patriarcat, comme mode de domination masculine qui s’épanouit aux débuts du capitalisme. […] Il existe des pères Grandet dans nombre d’entreprises encore aujourd’hui ! Pour eux, le gain ne suffit jamais. C’est un des aspects modernes de cette histoire, avec la domination du patriarcat - et les deux sont liés. »
Après Une exécution ordinaire et L’Échange des princesses, Marc Dugain se frotte encore une fois au genre du film d’époque. Pour ce passionné d’Histoire, il est important de savoir d’où l’on vient : « Je trouve que reconstituer l’Histoire, ce voyage dans le temps, est une des magies du cinéma, qui a son esthétique propre. C’est aussi une façon de dialoguer avec les morts, de leur donner un supplément de vie. C’est une expérience presque spirituelle. Il y a aussi une vertu éducative à cela : les reconstitutions historiques sont une belle façon d’entrer dans l’Histoire pour les jeunes générations. »
Le personnage de Charles est joué par César Domboy, acteur français qui est depuis 2017 au générique de la série américaine Outlander.
Le réalisateur a réduit la musique au strict nécessaire afin de ne pas surligner l’émotion et laisser les sons de la nature dominer : « J’ai travaillé avec Jeremy Hababou, qui est un ancien parachutiste franco-israélien devenu compositeur. C’est un garçon très sensible ; il a parfaitement saisi ce que je voulais. Je souhaitais un thème dominant. »
Le réalisateur Marc Dugain s’est d’abord fait connaître du grand public par son roman La Chambre des officiers en 1998, récompensé par plus de vingt prix littéraires et qui est adapté au cinéma trois ans plus tard par François Dupeyron.