Pour les puristes qui critiquent les transformations que M. Dugain fait subir au roman, il leur convient de regarder les images qui annoncent le film : c'est "d'après Balzac" et "adapté de", que le cinéaste propose son Eugénie Grandet. On ne peut donc pas lui reprocher d'avoir modifié la trame romanesque, surtout à la fin, même si les tirades féministes de la pauvre Eugénie résonnent parfois d'une manière un peu ridicule. Mais après tout, cette fille qui, alors qu'elle connaît l'avarice de son père, donne tout son or à son séduisant cousin, a peut-être plus de ressources qu'elle n'en a l'air. Et dans le roman, à la fin, si elle accepter d'épouser le fils Cruchot, c'est en lui précisant bien qu'il n'y aura jamais rien de physique entre eux....Ce qui dénote, chez l'héroïne de Balzac déjà, un certain caractère. J'ai trouvé plus curieuse la modification que Dugain impose au roman en ce qui concerne la fortune de Grandet. Apparemment, dans Saumur, tout le monde croit les Grandet pauvres. Eugénie tombe des nues quand elle apprend la fortune dont elle hérite. Or, dans le roman, dès le début, tout Saumur parle de la fortune du père Grandet dont personne ne sait exactement le montant, mais dont chacun sait qu'elle est faramineuse. Il est peu crédible que toute la ville ignore cette fortune : Cruchot et Des Grassins, notaire et homme d'affaires du père Grandet, eux, la connaissent, puisqu'ils cherchent à caser leurs fils respectifs entre les bras d'Eugénie, et il y a tout lieu de croire qu'un e telle information a dû transpirer. Et puis, on ne voit très bien à quoi sert cette modification.....Cela dit, le film se regarde avec plaisir et Olivier Gourmet est tout à fait exceptionnel, ainsi que Joséphine Japy, que j'ai trouvée remarquable, même si elle est un peu trop jolie par rapport à l'héroïne de Balzac.