Incandescent et fascinant
Allez, on l’attendait depuis 2019 cette suite des aventures de Joker ! Todd Phillips, qui s’était fait connaître dès 2009 avec Very Bad trip et pour moi, surtout en 2016 avec War Dogs, renoue avec son personnage culte durant ce drame romantique, non dénuée d’action, de 140 minutes. A quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux. C’est sûr, les avis seront très partagés et sûrement excessifs dans un sens comme dans l’autre. Pour ma part j’ai adoré ! Quel culot de faire de ce drame de la folie, une « comédie » musicale portée par deux immenses acteurs. Très américain, certes, et alors ! Quand c’est réussi, qu’importe l’origine. N’hésitez pas à aller voir ce film et à m’en parler sur ce blog.
Qui est Arthur Fleck ? Et d’où vient la musique qui émane de lui ? Peut-être le film ne répond-t-il pas à ces deux questions, mais il a le mérite de nous emmener dans des univers insoupçonnables. Cette introspection est d’une ambition incroyable, aussi folle qu’audacieuse. L’énorme succès du film de 2019, avec plus d'un milliard de dollars de recettes au box-office mondial, remportant plusieurs récompenses, dont deux Oscars - Meilleur acteur et Meilleure musique -, a permis à Todd Phillips d'obtenir un budget de 150 millions de dollars ! – Les cachets cumulés des deux vedettes et du cinéaste représentant 1/3 du budget total ! - Le terme Folie à Deux a été défini par des psychiatres français du XIXe siècle. Également connu sous le nom de syndrome de Lasègue-Falret, il concerne les personnes partageant la même folie ou le même délire… Nous y sommes. Nous utilisons la musique pour nous guérir dit un des protagonistes de l’histoire, laissant entendre que le sanatorium dans lequel Arthur Fleck est interné fait appel à la musicothérapie dans le cadre du traitement des patients. Il y a donc pas moins de 15 chansons – toutes tournées en live -, intégrées à ce drame musical, On peut évidemment se dire qu’il s’agit d’une folie partagée entre les deux personnages. À moins que ce ne soit entre Arthur et le Joker, sa propre « folie à deux ». Tout dépend du regard que l’on porte sur le film. Quoi qu’il en soit, c’est un grand moment de cinéma, visuellement superbe et dégageant une émotion palpable. Evidemment, ce drame crée le malaise : faire de la figure du vilain un amoureux rayonnant va sans doute même au-delà de la subversion et ainsi déranger beaucoup de monde. Mais le résultat est beau, grand, sombre et lumineux à la fois, violent et émouvant… un grand film.
Et puis – et peut-être même avant tout -, il y a le couple de stars. Joaquin Phoenix confirme – s’il en était encore besoin – qu’il est un des plus grands acteurs du moment. Il sait tout faire et même chanter et danser. Enorme performance. Et son duo avec l’impressionnante Lady Gaga reste un des grands intérêts de ce film pas comme les autres. A leurs côtés citons Brendan Gleeson, Catherine Keener, Zazie Beetz, parmi une distribution pléthorique et épatante. Voilà donc une œuvre tout en collages, souvent déstructurée, aussi démente que son héros. Ces 2 heures et 20 minutes en horripileront plus d’un, mais en fascineront beaucoup d’autres, et je suis de ceux-là. Et vous ?