Vers une lueur de survie
En France, il y a 3 000 fermes à vendre, un suicide d’agriculteur par jour... Pourtant, ce drame signé Xavier Beauvois n’est pas un film de plus sur la détresse du monde paysan. C’est aussi une plongée dans la vie quotidienne des gendarmes, leurs peines, leurs peurs, leurs joies, leur sens du devoir… Laurent, un commandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. En voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider, il le tue. Sa vie va alors basculer. 115 minutes passionnantes et bouleversantes qui posent de multiples questions sur notre société et surtout, la perception que nous en avons. A voir !
C’est un article de Society, sur un agriculteur déprimé, qui a donné l’idée du film. Cet homme était en fuite et lorsque les gendarmes l’ont trouvé dans sa voiture, il leur a foncé dessus. Les forces de l'ordre lui ont alors tiré dessus et tué. Mais Beauvois a voulu aussi nous montrer ce qui fait le quotidien des gendarmes, à savoir les suicides, agressions sexuelles, drames familiaux, opération de déminage ou tout simplement le poivrot qu’on essaye de ramener chez lui. Notre réalisateur/scénariste vit à côté d’Etretat où a eu lieu le tournage. L’ensemble est superbement filmé et interprété. C’est dopé comme un thriller, douloureux comme un drame social… puis, subitement, tout se dérègle, se grippe et se ralentit. Le héros part en mer et ça n’en finit plus, sans parler de la séquence d’hallucination parfaitement inutile. Les images sont magnifiques, mais Dieu que c’est longuet ! Il ne se passe plus rien et cette tempête sous un crâne aurait dû être raccourcie de moitié. Ce film dure près de deux heures et il y a 20 minutes de trop, en tout cas parfaitement superflues. Dommage parce que cet Albatros vaut le détour.
Surtout pour Jérémie Renier, un merveilleux acteur. Revoyez sa filmographie… il n’y a vraiment rien à jeter. Une fois de plus, il est parfait dans la peau de ce gendarme comme les autres en proie à des tourments qui le dépassent. Marie-Julie Maille, monteuse et compagne du réalisateur assume avec force le 1er rôle féminin. La petite Poulette, est également incarnée par leur propre fille. On ajoutera au casting Victor Belmondo et Iris Bry. La plupart des autres rôles sont tenus par des non-professionnels. Je me répète, un très beau film qui s’égare un peu trop longtemps sur les flots.