Dans le monde vaste et au combien décevant de l'animation tel qu'il est aujourd'hui, on ne peut que se tourner vers des films déjà sortis. Si je dis ça, c'est parce que pour un passionné d'animation comme moi, il y a trois sortes de films d'animation à aller voir au cinéma : les films de Pixar, toujours inventifs et sachant innover presque à chaque fois; les films de Ghibli, pures merveilles de l'animation (même si quelque peu en déclin depuis un certain temps, mais ça reste mieux que la moyenne); et les films d'Aardman non seulement parfaits sur le plan technique mais aussi drôles et malins mais malheureusement trop rares (et il faut avouer que leur films d'animation 3D sont quand même moins réussis). Voilà donc sur qui il faut compter pour les bons films d'animation, le reste est soit trop basique, soit de la soupe pour gosses inintéressante. Cela dit, on est jamais à l'abris de bonnes surprises qu'on attendait pas, Comme Raiponce en 2010 ou Rango l'an passé. Pour 2012, on a déjà eu droit à un bon Aardman, un Ghibli sans doute sympa mais que je n'ai pas vu et en attendant Brave (transformé en Rebelle par l'opération du saint esprit, un titre qui rappelle le sous-titre "quatre roues" de Cars qui dans le genre titre nul faisait fort), il fallait que j'ai ma dose d'animation (de toute façon il y a plein de Ghibli que je dois voir alors ça compense). Bref, la parenthèse est refermée, retour à Chicken Run. Du grand art, tout simplement. Nick Park et Peter Lord ont mis la barre haute pour leur percée au cinéma et c'est une réussite. Le pitch est très simple : des poules enfermées dans leur poulailler cherchent à tout prix à s'évader, par tous les moyens (tunnel, trou sous le grillage etc), et à chaque fois la leader du groupe, Ginger, se fait pincer et mettre au trou pendant des jours. Les autres poulettes en ont assez de ses plans fumeux et perdent espoir mais elle, obstinée, ne rêve que d'aller toucher l'herbe de la colline voisine. De cette idée de départ en apparence simple se faufile mine de rien une métaphore du monde humain, voire même des camps de concentration allemands de la Seconde guerre Mondiale. Il fallait oser. Et quand je vois la pauvre Ginger émue aux larmes lorsqu'elle voit des oiseaux survoler tranquillement au dessus de sa prison soleil levant derrière, je pleure avec elle. Un film profondément humain et magnifique rien qu'avec une seule scène. Bluffant. Pour la suite, c'est enlevé, drôle et inventif tout en gardant à l'esprit du spectateur la menace de la machine infernale des fermiers. Sur le plan technique, c'est impressionnant. J'ai rarement vu la mise en scène d'un film d'animation aussi maîtrisée. Des plans séquences à la gestion de la lumière méticuleuse et donnant du cachet aux différentes scènes, ont ai une nouvelle fois émerveillés par le travail des animateurs. Seul véritable défaut à mon sens, la fin est un peu trop classique. Mais bon, dans l'optique de l'histoire, c'est cohérent et pas du n'importe quoi scénaristique (heureusement). Un film excellent et novateur dans son style je trouve (le casting vocal est de grande qualité). Nick Park et Peter Lord ne déçoivent pas, ils transcendent.