Il y a une dizaine d’années, au sein de la nébuleuse de remakes plus ou moins dispensables d’anciens classiques de l’épouvante, ‘Evil dead’ faisait figure d’exception. Sombre, malsaine et sanglante, la vision de Fede Alvarez s’efforçait de reproduire le choc provoqué par le film fondateur de Sam Raimi aux yeux des spectateurs du début des années 80. Cette fois, il s’agit également d’un remake…mais de façon un peu particulière, au sens où pour la première fois, le scénario fait le pari de quitter la cabane dans les bois et de s’installer en milieu urbain. Si ‘Evil dead rise’ obéit toujours à une certaine unité de lieu (85% de l’action se déroule dans les limites circonscrites d’un appartement), on retrouve évidemment de multiples références aux films originaux, que la démarche soit respectueusement premier degré ou tienne plutôt du clin d’oeil complice : la signature de la série que constitue la fameuse séquence en plongée aérienne déséquilibrée à travers les bois, la découverte du Livre des morts, l’incantation prononcée par erreur en écoutant un enregistrement, et ainsi de suite. Le film se pique même de quelques oeillades à d’autres classiques, notamment à ‘Shining’ avec une référence plus qu’évidente mais également au moyen d’une scène finale qui rend hommage autant à John Carpenter qu’à Clive Barker. J’aurais du mal à déterminer si ‘Evil dead rise’ est vraiment terrifiant vu que désormais, les efforts les plus méritoires en matière d’horreur m’en touchent une sans faire bouger l’autre. Il me semble quand même que non, que ce n’est pas son ambition principale, en ce sens qu’il évite les jump-scares faciles - tant mieux! - mais qu’il ne cherche pas non plus spécialement à échafauder une atmosphère profondément dérangeante : une fois qu’on s’est habitué à la dégaine et au vocabulaire châtié des Deadites, le concept se résume à une partie de cache-cache en intérieur avec des entités cannibales. En revanche, ‘Evil dead rise’ est gore : à petites doses d’abord, de manière plus vicieuse ensuite (les doigts, orteils et ongles qui cassent me provoquent au moins un petit tressaillement de dégoût, eux) pour finir dans de véritables geysers de barbaque. Ce n’est peut-être pas le film le plus gore sorti ces derniers temps, ses excès d'hémoglobine finissent d’ailleurs par le rendre plus ludique que vomitif mais c’est sans doute le film le plus gore à faire partie d’une franchise célèbre et donc, à demeurer dans un certain “mainstream” médiatique. De toute façon, quand bien même on peut préférer la version de Fede Alvarez et trouver que celui-ci exploite, certes avec une certaine habileté, des trouvailles et des gimmicks popularisés par d’autres, ‘Evil dead rise’ demeure largement supérieur à ce que les Etats-unis sont aujourd’hui capables d’offrir en matière de “divertissement d’horreur”. De pop-corn movie, quoi.