"La troisième guerre" veut avant tout traiter de la question du but : le but de notre vie, de nos combats, de pourquoi on se lève le matin ou pourquoi on s'engage dans l'armée. Léo veut un but, et il sent que ce qu'il fait est son but. Giovanni Lio veut avant tout nous impliquer dans le quotidien de ces soldats qui patrouillent, nous faire ressentir la paranoïa du danger, à travers de nombreux plans "vue subjective" et un travail du cut et du son très efficace.
Bien que le film nous parle de groupe et d'uniformisation, il prend le temps de développer la personnalité de Léo, campé par un formidable Anthony Bajon qui prouve encore une fois son talent, ce qui le rend fragile, ce qui le motive, ce qui le brise. Le film prend d'ailleurs ses aises pour montrer à quel point les unités vigipirate sont limités en terme d'action, créant un sentiment d'inefficacité qui ne peut qu'affecter nos personnages. Je ne parle que de Léo / Anthony Bajon, mais bien qu'ils soient dans les bottes de personnages très classiques, Karim Leklou et Leïla Bekthi s'investissent à fond et offrent de solides performances.
Filmer l'attente était sûrement le défi du film, et dès sa première scène, il veut montrer qu'il sait ce qu'il doit faire. Lent, cassé, le rythme s'aligne avec le quotidien du soldat. Peu importe si cela le rend moins fluide, l'expérience est là.
"La troisième Guerre" était une énorme attente pour moi, mais je ressors un peu tiède du film malheureusement. La faute à un sentiment d'inaccompli, d'attendre du film qu'il pousse encore plus loin sa direction de la photo, la tension qu'il créé, qu'il fasse exploser tous les compteurs sans changer forcément son histoire.
Prometteur, le film une fois la séance finie s'avère avant tout assez classique, ce qui l'endommage par moments en affaiblissant son efficacité recherchée. De belles audaces le parcoure, et l'histoire est tenue, mais il manque à mes yeux un petit quelque chose pour qu'il soit complet. En aucun cas une déception, "La troisième guerre" restera un visionnage intéressant sur une réalité bien trop actuelle et sur les fragilités qui la compose.