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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 26 juin 2022
Pour sa cinquième collaboration avec le réalisateur Stéphane Brizé rencontré en 2009 (« Mademoiselle Chambon »), Vincent Lindon démontre une nouvelle fois sa capacité à transporter l’humanité qui émane de sa personne et par ricochet de son jeu à travers toutes les couches de la société et tous les drames qui les traversent. Un peu à la manière de Jean Gabin dans sa deuxième partie de carrière. Dans « Un autre monde », il revêt le costume du cadre dirigeant surmené qui voit sa vie lui échapper à force d’avoir usé de compromission avec tout le monde. Sa femme (Sandrine Kiberlain) qui n’a pas pu le suivre jusqu’au bout de son acharnement à vouloir réussir, son fils déstabilisé pour qui le modèle à suivre est trop élevé mais surtout bien trop absent et enfin ses salariés à qui il a voulu faire croire le plus longtemps possible grâce à son charisme fait d’empathie qu’il était du même côté de la barrière qu’eux. Mais il a aussi bénéficié de tous les avantages que lui confère sa position sociale comme le rappelle l’avocat de sa femme épelant son patrimoine alors que celle-ci demande le divorce. Le film de Stéphane Brizé montre bien comment de nos jours vouloir tenir les deux bouts de l’omelette relève de l’illusion. Le « en même temps » politique n’est qu’un mirage médiatique qui ne résiste pas très longtemps aux exigences du quotidien de la vie de chacun. De ce point de vue le film frappe juste et encore une fois Vincent Lindon est au diapason de son réalisateur. Mais lui et Stéphane Brizé doivent veiller désormais à ne pas se laisser prendre à leur propre piège. Car l’humanité qui transpire de la personne de Vincent Lindon n’est pas toujours transposable dans la vraie vie. Le cadre qui nous est présenté dans « Un autre monde » n'est qu’une construction fantasmatique et ses collègues directeurs de site d’un grand groupe sont bien plus concrets que Philippe Lemesle (Vincent Lindon) que peu de ce qui connaissent la réalité de l’entreprise mondialisée (ou pas) ont rencontré. Jean Gabin lui aussi gambadait sans difficulté sur l’échelle sociale mais à chaque fois Michel Audiard veillait au grain qui mettait dans la bouche du plus grand acteur français les mots correspondant aux us et coutumes du milieu dans lequel évoluait son personnage. Stéphane Brizé, peut-être à son insu, nous dessine au fil des films le portrait d’un héros de notre temps qui aurait en réalité pour nom Vincent Lindon, une sorte d’ « homo lindonus » rebelle qui quel que soit la situation, finit toujours par s’extraire de sa condition. Le grand acteur qu’est Vincent Lindon sait pourtant à travers ses quelques aventures citoyennes peu couronnées de succès que l’on est toujours rattrapé par son milieu ou ses origines. Stéphane Brize devrait finir par faire endosser à son acteur tous les attributs des rôles qu’il lui propose en mettant enfin Jean Valjean (comme dénominatif de la taxe covid proposée par l’acteur) de côté. Les directeurs d’usine comme Philippe Lemesle, dopés aux bonus, sont comme les poissons volants chers à Michel Audiard : « ils existent mais ils ne sont pas la majorité de l’espèce ». Fasse que les deux hommes se souviennent de cette maxime du grand scénariste. Dans cette fable sociale tout de même très touchante, il ne faut pas oublier Sandrine Kiberlain dont le jeu est comme toujours rempli de sincérité.
Stéphanie Brizé ressasse une nouvelle fois ses thématiques favorites, et plus les films passent et moins il semble inspiré. Ici, le scénario est cousu de fil blanc et aucun élément, même infinitésimal, ne vient contrarier un déroulement ultra prévisible. L'absence de finesse dans l'écriture rend l'ensemble terriblement grossier, en témoigne la métaphore finale du pantin. Même la forme est bancale, particulièrement le montage avec certaines scènes, par exemple celle à l'hôpital, anormalement étirées. Vincent Lindon, acteur fétiche de Brizé, est comme souvent impeccable et porte ce drame à la frontière du documentaire.
Un autre monde est un film qu'on attend pas vraiment. J'ai lancé le film sans trop regarder de quoi cela parlait, j'ai vu Vincent Lindo et Sandrine Kimerberlain je me suis dit ca peut etre que bon. Je n'ai pas été déçu du résultat. Ce film raconte l'histoire que vive surement certains chef d'entreprise, nous voyons toujours un coté de la structure, le coté ouvrier/employé, ici on nous montre dans cette réalisation , la difficulté que peut rencontrer certains patrons ou directeur de société. Je pense avec du recul, que grâce à ce film, je serai peut etre moins vite vers des patrons profiteurs, mais plus a réfléchir sur le pourquoi du comment... Voila ce que propose ce film, une réflexion intéressante sur le fonctionnement de société vu par les patrons. 3,5/5 pour ma part ;)
Un des films les plus réalistes sur les stratégies des entreprises aujourd’hui et la politique des actionnaires Je le sais pour l’avoir trop bien vécu et avoir subi les mêmes dégâts collatéraux sur mon couple et ma famille Bons même très bon acteurs..très proche de la réalité du monde des entreprises et des stratégies manipulatrices qu’elles se cessent d’utiliser au quotidien au détriment de l’humain .. Cela existe hélas malgré des grands discours ( le rôle de Marie Drucker est exceptionnel et tellement vrai !!) Merci … du beau cinéma français
Difficile de lister toutes la qualités de ce film. Quelques unes... Une vision très juste et réaliste des coulisses du néo libéralisme : les petits soldats qui ne se posent plus de question formidablement incarnés, la déshumanisation totale avec pour seul objectif "rassurer les actionnaires", la mécanique perverse de perte de compétitivité à force de dégraissage qui conduit à la fermeture (cqfd), les éléments de langage et les manipulations ("le courage", "ailleurs ils y arrivent), la violence de l'impossibilité de négocier, le dilemme d'exécuter en sachant qu'on mène l'entreprise à sa perte une dois le citron asséché... tout y est. Les comédiens sont juste, exceptionnels. Le fils qui prend le chemin du père, le père qui sait quel est la véritable couleur de ce chemin. De manière générale les personnages qui suivent cette voie sans la questionner parce que tout simplement elle correspond au rabâchage médiatique : le marché est ma seule voie, toutes les autres conduisent à la perte. C'est poignant de bout en bout.
Un film qui a le mérite d'aborder un des maux de la société, peut être le plus impactant, le capitalisme. L'interprétation de Lindon est magistrale, il mérite largement son prix d'interprétation à Cannes. J'ai 2 bémols: le jeu de Marie Drucker est nul, elle m'a sorti à chaque fois du film, faudrait arrêter le copinage....et le côté caricatural de certaines scènes volontairement explicites. Quand le film se termine on se dit quand même que Lindon cultive son image d'engagé mais qu'il profite très largement du système en vrai...
Troisième long métrage sur le monde du travail pour le cinéaste Stéphane Brizé et son acteur principal mais aussi producteur Vincent Lindon et les deux font la paire pour nous sensibiliser !! Après avoir joué un chomeur et un syndicaliste, Vincent Lindon endosse le costume de patron d'usine en plein divorce avec sa femme qui n'en pouvait plus de la situation de son mari qui ne vivait que pour le travail, son fils qui a des problèmes psychiques et son entreprise dont le groupe demande des licenciements auquel il va se battre contre en trouvant des solutions, c'est un homme entre deux murs, la conscience ou les ordres. Comme souvent, Stéphane Brizé fait un travail honorable et humble qui nous décrit la société du monde féroce des grands groupes d'entreprises. J'ai été très touché par la performance de Vincent Lindon remarquable, Sandrine Kiberlain à fleur de peau comme il faut et le jeune Anthony Bajon une fois de plus excellent. Il y a Marie Drucker impeccable en PDG du groupe froide dans ses bottes. J'ai bien aimé les caméras fixes sur les visages des comédiens sur certains plans ou l'on voit qu'ils dégagent de l'expressivités qu'ils jouent bien. Un très bon long métrage sur le réel de nos quotidiens.
Glaçant et bouleversant. Le parti pris de filmer à la façon d'un documentaire est redoutablement efficace, servi par un jeu d'une justesse inouïe de la part de tous les acteurs. Anthony Bajon est, une nouvelle fois, étonnant. La musique, souvent en sourdine, est comme ce qui nous tient du début à la fin : on est comme en apnée devant ce qui se déroule implacablement sous nos yeux, avec ce sentiment, propre à la tragédie, que rien ne peut arrêter l'engrenage de nos sociétés actuelles, où chacun s'enfonce toujours plus dans son inhumanité qu'il est persuadé de ne pas avoir le choix. C'est l'histoire de la grenouille qui ne se rend pas compte qu'elle est en train de cuire dans une marmite d'eau bouillante.
Très bon film qui montre concrètement le dilemme d'un directeur d'usine soumis à des objectifs irréalistes et qui est obligé de négliger son environnement familial. Un grand rôle pour Vincent Lindon, parfaitement crédible . Sandrine Kiberlain au diapason et une bonne surprise : Marie Drucker. Un bonne occasion de réfléchir sur un mode de management ad hoc des entreprise.
C'est bien, trés bien même ! Mais qu'est ce que c'est dur, qu'est ce que c'est sec !!! Impossible pour moi d'éprouver la moindre empathie pour ce patron qui ne se réveille que le jour où il devient lui même victime du management moderne. J'ai donc trouvé le temps un peu long.
Un film qui montre pour une fois, le drame d'un cadre responsable. Ils sont tellement critiqués que cette fois on peut se rendre compte des drames qu'ils vivent trop souvent. De quoi faire réfléchir certains syndicats s'ils en sont capables.
Film très très long, difficile à comprendre. Malgré un casting qui pourtant aurait pu en faire un très bon film. J'aurais voulu quitter la salle tellement..
🙂 Avec "Un autre monde", Stéphane Brizé ne faillit pas à sa réputation de réalisateur engagé sachant dépeindre notre société et plus précisément le monde du travail avec une grande acuité. Vincent Lindon, son acteur fétiche, est au rendez-vous et porte tout le film en cadre supérieur, la cinquantaine jusqu'ici bien installée, autrefois dirigeant d'entreprise, devenu manager "simple" exécutant dans un grand groupe multinational. Le voici chargé d'un énième plan social quand tout craque de toutes parts : sa famille ne le voit plus depuis des mois et explose de tous côtés, son couple part à vau-l'eau, son job est devenu impossible, les pressions sont trop fortes, ... Les scènes s'enchaînent avec force et pertinence : notamment les dialogues au "boulot" sont hallucinants de justesse et de réalisme sans jamais un mot de trop ni manichéisme facile. Même le PDG américain est porteur d'un discours sans faille aucune auquel on ne trouve rien à redire. Terrible. Cette gravure à l'acide du monde professionnel est vraiment très pertinente : nul besoin de dire que c'est pas joyeux et que cela ne vous incite pas à booster votre carrière mais plutôt à anticiper votre départ à la retraite.