Médecin de nuit
Noir c’est noir
Elie Wajeman s’est fait remarquer en 2015 avec son film Les Anarchistes. Il nous revient avec ces 82 minutes pour résumer une nuit d’un homme coupé en deux et dont on partage les doutes et les peurs. Mikaël est médecin de nuit. Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes. Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos. Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main. L’unité de temps donne toute sa force à ce thriller haletant incarné par un casting parfait. Du très bon cinéma.
A travers l’anecdote, Wajeman dresse un portrait ultra réaliste de Paris la nuit. Cela nous offre – car c’est un cadeau -, un film noir tendu, nerveux dans lequel un homme doit résoudre sa vie en une nuit, sinon tout se qu’il a construit s’écroulera. Le héros est sans cesse en équilibre instable entre deux femmes, entre deux médicaments, entre deux dangers, entre deux rendez-vous, entre douceur et violence… Le spectateur est irrésistiblement entraîné dans les hésitations et les atermoiements de ce médecin qui pourrait être comme beaucoup d’autres, mais qui, à force de petites compromissions, se retrouve prisonnier d’un écheveau inextricable. Un scénario en béton, une photo magnifique, l’excellente musique des frères Galpérine et une distribution fiévreuse et d’une incroyable justesse… un excellent film noir à la française digne des polars américains des années 1970.
Vincent Macaigne, - je l’ai déjà souligné ici -, est un de nos grands acteurs. Pour la 1ère fois, on lui a proposé le rôle d’un homme dur, presque minéral, mais, dont la fragilité apparaît à chaque instant. Un rôle complexe pour un immense comédien. A ses côtés, Sara Giraudeau, Pio Marmai et Sarah Le Picard, sont tout aussi parfaits. Ce troisième long-métrage confirme le talent du réalisateur à créer des ambiances et à raconter des histoires fortes, ce qui fait de lui un cinéaste à suivre de près.