Parfois il ne faut vraiment pas grand-chose pour qu’un film nous plaise, nous charme et nous emporte. Et comme la plupart de la filmographie du trop rare Jérôme Bonnell, ce « Chère Léa » ne déroge pas à la règle et y réussit avec trois fois rien mais beaucoup de cœur et de douceur. Le film aurait pu porter le même titre qu’une autre œuvre de Bonnell : « J’attends quelqu’un ». En effet, le personnage principal passe une journée à attendre de voir son amoureuse, avec qui il vient de rompre, dans le café en face d’où elle habite. Il va tenter de lui écrire une lettre manuscrite, d’où le titre choisi, puisqu’il s’adresse à cette jeune femme dénommée Léa. On est donc face à un film d’amour, une romance d’une simplicité et d’une générosité rare. Mais ici c’est la rupture qui intéresse le cinéaste puisque les tourtereaux ne sont déjà plus ensemble quand le long-métrage débute. « Chère Léa » se positionne donc plutôt comme un film de séparation, car la fin des sentiments et la rupture font aussi partie de l’histoire d’amour. Il y a toujours un début et une fin mais il est vrai qu’on davantage l’habitude de voir au cinéma les prémisses d’une romance que sa conclusion, c’est ce qui donne aussi une petite originalité à ce long-métrage pétri de belles choses.
On pourra trouver le film peut-être un peu insignifiant ou anecdotique. Il se déroule sur une journée dans le périmètre d’une rue hormis deux ou trois embardées destinées à aérer un peu les lieux de l’action. Il ne raconte rien d’extraordinaire, il faut l’avouer. On ne peut pas dire non plus que la mise en scène, le jeu d’acteur ou le scénario soient inoubliables. Mais par petites touches, par une vision des relations humaines (et plus précisément amoureuses), pleine d’acuité et de justesse, Bonnell nous cueille sans souci. Une scène avec Léa Drucker hors du café ou de l’appartement de Léa vient apporter également une autre vision de la rupture, encore avec brio, tendresse, réalisme et humanité. Dans chaque séquence, c’est simple : c’est joli, c’est touchant, c’est la vie en somme. On sourit beaucoup grâce des situations et des personnages secondaires quelque peu décalés mais pas trop non plus. On est également gentiment ému au détour d’un regard, d’une phrase, d’une vérité ou d’un geste. C’est d’une délicatesse infinie et la scène finale à elle seule vaut le détour. Une histoire se finit, une autre commence. Et on retiendra Grégory Gadebois en bistrotier altruiste, empathique et de bon conseil. Un acteur dont la bonhommie et la gentillesse ne peuvent que nous conquérir. On le redit : c’est donc peut-être un tout petit film mais c’est clairement un film plus que plaisant et véritablement charmant.
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