Dichotomie
Emmanuel Marre et Julie Lecoustre qui coréalisent cette comédie dramatique ont une filmographie quasi inexistante. Donc, grosse curiosité avant de voir ces 115 minutes – souvent trop longues -, pleines de bonnes idées et de résolutions ambitieuses mais pas toujours très abouties. Cassandre, 26 ans, est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Vivant au jour le jour, elle enchaîne les vols et les fêtes sans lendemain, fidèle à son pseudo Tinder «Carpe Diem». Une existence sans attaches, en forme de fuite en avant, qui la comble en apparence. Alors que la pression de sa compagnie redouble, Cassandre finit par perdre pied. Saura-t-elle affronter les douleurs enfouies et revenir vers ceux qu'elle a laissés au sol ? Entre docu et drame familial, le film n’a pas su choisir et c’est bien dommage.
Ce film est à l’image de son héroïne. La femme est en plein doute, l’hôtesse et tout sourire. Autant, l’aspect documentaire sur le quotidien du personnel d’une compagnie aérienne low cost s’avère aussi passionnant qu’effrayant, autant la vie familiale de l’héroïne est sans intérêt. A force de faire dans le quotidien, le film bascule dans le banal… et donc, dans l’ennui. Et, insensiblement, on repense au titre du film et on partage cet avis : Rien à foutre. Franchement, que le personnage se perde dans un non-temps, - sa vie est tellement épisodique qu’elle est obligée de consulter sa chronologie sur Instagram ! -, entre des non-lieux est parfaitement rendu par la réalisation. En fin de compte, c’est bien la seconde partie, dans la famille bruxelloise, que tout s’effiloche en même temps que notre intérêt. Sans compter cette caméra à l’épaule qui bouge sans discontinuer… il ne se passe pas grand-chose et pourtant, c’est épuisant.
Adèle Exarchopoulos n’est pour rien dans ce sentiment de désintérêt. Même si ses airs boudeurs quasi permanents finissent par lasser, elle fait ce qu’elle peut – et heureusement elle peut beaucoup -, pour incarner ce personnage sans existence, frappé par une sorte d’ultra-moderne solitude. A part Alexandre Perrier et Mara Taquin, le casting est surtout constitué de non-professionnels – parfois dans leur propre rôle -, et tout ce petit monde se plie avec pas mal de réussite au jeu de l’impro. Mais, je le répète, il est bien dommage que tous les ingrédients n’aient pas été réunis pour nous faire partager ce portrait générationnel à travers une jeune femme au point mort et sans ambition.