Un grand film de l’année 2000, digne de Zemeckis et du grand Tom, réunissant le duo de ‘Forrest Gump’ pour créer cette histoire sur une partie de la vie d’un agent coordinateur de la firme FedEx qui devient seul rescapé et naufragé d’un crash d’avion assez sensationnel il faut bien le dire. L’idée d’encadrer les 4 années de survie par des tranches de vie montrant l’avant et l’après disparition est bien jouée de la part du scénariste William Broyles Jr tout comme la caractérisation du personnage de Chuck Noland, nerveux, accaparé (pour ne pas dire obsédé) par son travail et laissant peu de place pour une vie de famille. Quant à Helen Hunt, elle campe la compagne de Chuck qui souhaite faire le métier d’enseignante mais les absences récurrentes de son futur mari annoncent que le couple a de la peine à trouver un certain équilibre de vie –jusqu’au réveillon de Noël. Bref, après 30 minutes assez lentes d’introduction des personnages dans le récit, on en arrive à la fameuse scène où l’avion pris par Chuck s’abime en mer. Celle-ci est d’une violence inouïe, on ressent vraiment l’angoisse et l’incertitude quant aux destins de toutes les personnes à bord et cette terrible épreuve n’est malheureusement que la première étape d’une longue attente jusqu’à l’éventuel sauvetage. Le livre dit bien que cette épreuve est très mal vécue par des naufragés et qu’après cela naît un sentiment d’insécurité (en particulier la nuit, oppressante). De là, Chuck atterrît sur une île déserte -contrairement à ce que l’on pense, toutes ces îles ne sont pas paradisiaques- mais ne se rend compte de la situation dans laquelle il se trouve seulement quelques jours après la catastrophe aérienne. Les dialogues deviennent rares et même étranges sur la fin, peut-être en raison de la folie qui le guette; Chuck parvient à garder ses idées en place et décide de s’organiser pour trouver une solution. La dure réalité de la survie nous est alors exposée (du Bear Grylls avant l’heure en quelque sorte), il se nourrit exclusivement de noix de coco puis de poissons et de crustacés. Avec la marée reviennent des colis et les seules touches d’humour font leur apparition : le ballon Wilson, le regret du rendez-vous chez le dentiste, les patins à glace ou les cassettes vidéo deviennent de véritables atouts lorsque l’imagination se met à travailler. Les rares scènes où il se trouve confronté à la mort nous mènent dans une autre dimension, Chuck devient impassible et semble perdre toute notion de compassion (le pilote noyé est enterré comme si de rien n’était, le suicide est évoqué). D’ailleurs, il fallait du courage pour aborder le suicide dans ce genre de film plutôt optimiste et surtout américain, on voit qu’il est dans la nature du rescapé de vouloir contrôler jusqu’au bon fonctionnement de sa future pendaison (sauf le temps) et quand la nature prend le dessus, c’est un terriblement déchirement (il le dit lui-même après son sauvetage). Bien que le film dure 148 minutes, on reste un peu sur sa fin et l’on aurait aimé que toute la partie sur l’île soit plus développée puisqu’on le voit après l’accident et 4 ans plus tard. Autre déception, la séquence post-sauvetage, on comprend que le retour à la ‘normale’ est difficile surtout quand Chris Noth ‘Sex and the City’) faisant une petite apparition mais au combien décisive dans la façon de penser de Chuck puisqu’il vient lui annoncer que sa femme s’est remariée. Cependant, le dénouement exagère sur les bons sentiments, l’impossibilité de reformer le couple, l’absence prolongée, le changement radical de vie du côté de Kelly… Dommage mais ceci ne vient quand même pas à faire oublier le reste du film qui est grandiose et complet. Ainsi, la morale de cette histoire est la suivante : Plus qu’une question de volonté, il faut surtout avoir l’instinct de survie, aller de l’avant et penser à ses proches pour se donner du courage.