Pour ses débuts en tant que réalisateur, Daniel Brühl a choisi de partir de quelque chose de personnel qu'il pouvait raconter de manière sincère. Il explique : "Ce film met en scène un homme qui pourrait être moi mais qui ne l’est pas. Daniel, un acteur marié, père de famille, qui vit à Berlin, plutôt de gauche et conscient des enjeux de la société. Quelqu’un qui a tout pour être heureux. Un jour, il rencontre son voisin Bruno. Cet homme qu’il n’avait jamais remarqué auparavant réussit à chambouler la vie de Daniel en quelques heures."
Bruno, le rival de Daniel, est un Allemand de l’Est qui se sent rejeté par la nouvelle société depuis la réunification et a du mal à joindre les deux bouts. Daniel Brühl précise : "Il se sent menacé par la gentrification et l’immigration, il a perdu confiance dans la politique. Il est très en colère et projette sa hargne sur Daniel et son penthouse chic, qui était l’appartement du père de Bruno..."
"En contrechamp, Daniel vit dans sa bulle dorée sans même savoir qu’à deux pas de lui un homme est décidé à le détruire. L’affrontement de Daniel et Bruno va être douloureux mais j’ai voulu que le film reste optimiste et même parfois comique."
L'objectif de Daniel Brühl était de réaliser une comédie noire et de divertir le spectateur. "En rentrant chez vous, demandez-vous qui est votre voisin", s'amuse le réalisateur.
Faire ce film a permis à Daniel Brühl de se venger de toutes les choses qu'il pu entendre à son sujet, mais aussi de casser son image de personne gentille. Il précise : "C’est le prix qu’on paie en tant qu’acteur, je l’ai fait avec joie et je continue de penser que c’est un métier merveilleux. Cependant, ces deux dernières années, les gens ont rompu la distance qui existait jusque-là entre eux et moi.
"Ils vous observent, vous jugent et interrompent vos conversations. Certains se sentent ce besoin désespéré de vous dire à quel point ils vous trouvent horrible ! C’était une manière de gérer cela, et de casser mon image. Depuis Good Bye, Lenin!, beaucoup de gens pensent que je suis le type le plus gentil du monde, le genre qui aide les vieilles personnes à traverser la rue."
Daniel Brühl et Peter Kurth ont déjà joué ensemble dans Good Bye, Lenin! (2003), Un ami à moi (2006) et Moi et Kaminski (2015).
Daniel Brühl voulait également parler de la thématique très actuelle de la gentrification. Le réalisateur explique en effet s'être toujours senti étranger à Berlin comme à Barcelone (sa deuxième maison). Il a donc essayé de s'adapter :
"Une fois, j’étais au restaurant à Barcelone à parler de football avec les serveurs en utilisant mon catalan rouillé pour montrer à tout le monde que j’étais l’un d’entre eux. Et puis j’ai vu ce type, un ouvrier en bâtiment, qui me regardait fixement."
"Je voyais bien qu’il me détestait parce que j’essayais de parler comme eux en disant 'Barça, Barça !'. Je l’ai imaginé sur des échafaudages, travaillant sur la façade de ma maison, observant mon appartement prêt à entamer un duel avec moi."
"J’écris très mal, alors j’ai contacté le scénariste Daniel Kehlmann, qui est moitié autrichien, ce qui veut dire qu’il est plus drôle que les Allemands. Je lui ai raconté toutes ces expériences pour nourrir le scénario mais croyez-moi, il y a de nombreux éléments fictionnels dedans."