C'est parce qu'on l'adore depuis Goodbye Lenin, L'Incroyable équipe et Colonia qu'on est déçu de la première réalisation de Daniel Brühl, car on sait qu'il a vraiment plus à donner que ce huis-clos d'abord nombriliste sans être vraiment drôle puis visuellement assez plat. Nombriliste dans sa première demi-heure où le personnage principal est une auto-blague du réalisateur sur sa propre vie : il est acteur, il s'appelle Daniel, chaque film et série cités reflètent sa filmo en miroir déformant (son rôle chez Marvel qui est tourné en ridicule avec un film de super-héros abrutissant), chaque critique sur son jeu sent le coup de coude au spectateur ("Hey ! Cette critique, je l'ai eue pour de vraie !")... Il se moque des vedettes, et surtout de lui-même, mais sans finesse, donc sans arriver à être drôle, bref il nous a fait une Michael Scott. Puis le film enchaîne avec une intrigue de mensonges au sein du couple "parfait" qui nous amuse, un vrai bon point du film qu'est cette investigation du voisin (critique de la Gestapo, pas très fine non plus, mais on valide) qui s'enfonce délicieusement dans des situations toujours plus énormes. On regrette que la technique soit si pauvre, car si un genre a besoin d'une technique irréprochable, c'est bien le huis-clos, et ici on se contente d'une éternelle succession de champ / contre-champ entre les deux interlocuteurs. Les rares sorties du mécanisme (les sorties du bar) nous font un bien fou aux yeux, avant de replonger à chaque fois dans la rengaine jusqu'au final. Autre immense déception : pourquoi créditer au générique de début "avec Vicky Kriesp", ce qui nous a rendu tout heureux, pour en réalité ne la mettre que pendant une minute...en scène post-générique. L'arnaque de l'année, sans hésiter. En évoquant la fin, on aurait trouvé intéressant d'avoir le devenir des personnages, puisqu'on plonge avidement dans les problèmes de ce couple, qu'on s'y intéresse, mais sans savoir ce qu'il leur arrive après la révélation, comme si on coupait une histoire dès que la résolution a lieu (sans aucun chapitre final ni post-face), on reste forcément sur sa faim. Sans dire que "rien ne va" dans ce premier film (il fallait oser s'attaquer au genre du huis-clos, casse-gueule par définition en-dehors du théâtre, et les critiques de l'Allemagne d'hier et d'aujourd'hui - Merkel, ouch ! - sont bien défendues), Next Door s'oubliera vite dans l'excellente filmographie de Daniel Brühl.