Et encore un titre mythique vu très jeune qui méritait indéniablement un revisionnage, qui plus est au cinéma. Pourtant, je ne pourrais pas vous écrire qu'il s'agit de mon William Friedkin préféré et encore moins que celui-ci fera partie de mon panthéon personnel. Le réalisateur a une approche très personnelle du sujet, à laquelle je ne suis pas forcément sensible, si bien que cette redécouverte n'a jamais réellement suscité l'enthousiasme chez moi. Cela écrit, c'est vraiment le seul « reproche » que je puisse faire à une œuvre gardant encore aujourd'hui un pouvoir, une force dont peu peuvent se targuer. Souhaitant traiter son sujet avec le plus de réalisme possible, le cinéaste prend son temps à la fois pour poser l'action, le récit, ses personnages, afin d'apporter un véritable contexte à l'exorcisme, notamment dans l'évolution des symptômes comme le changement de regard des médecins sur ces derniers pour amener au fameux exorcisme. Le scénario apparaît ainsi incroyablement informé, documenté, si bien qu'aucun moment ne nous paraît « too much » ou peu crédible : il est ainsi presque impossible de parler de film fantastique tant Friedkin joue sur ce réalisme à toute épreuve, ou alors uniquement de « surnaturel » au milieu d'un cadre concret, identifiable. Enfin, si la prestation de Linda Blair est devenue culte, elle ne doit surtout pas effacer celles des impeccables Ellen Burstyn et Max von Sydow, la présence toujours appréciable de Lee J. Cobb restant presque un mystère de bout en bout, comme si le cinéaste s'était amusé à imaginer un sympathique personnage de flic
qui n'aurait strictement aucune influence
sur le déroulement des événements. Mais celui dont on se souvient le plus, c'est assurément Jason Miller, mélange étonnant de sensibilité et de virilité, véritable bombe de charisme ayant presque totalement disparu de la circulation par la suite, le refus du rôle principal pour « Taxi Driver » n'ayant probablement pas été le meilleur choix du monde non plus... Une œuvre importante, ayant brillamment survécu au poids des ans, certes plus aussi terrifiante qu'à sa sortie (c'est qu'on en a vu d'autres, depuis), mais restant une date essentielle dans l'Histoire du cinéma, n'ayant pas volé son triomphe commercial.