Début 2001, Le Pacte des loups marchait sur le box-office français, avec ses 5 millions d'entrées, et éberluait son monde avec sa façon de brasser film d'époque, d'épouvante, d'aventure et même d'arts martiaux sauce hong-kongaise. Si à l'époque la mixture passait bien, si bien même que tout le monde voyait en ce film de Christophe Gans une création visionnaire, aujourd'hui beaucoup s'accordent à dire que l'efficacité s'est perdue en route, la faute surtout à des effets numériques éculés, dont Gans avait malheureusement abusé. Résultat, ce cinéma transgenre tire aujourd'hui trop sur le pastiche, avec toute la notion d'humour que le mot comporte souvent, quant au départ Gans se lançait dans une entreprise plus sérieuse. De plus, le rythme s'affaisse assez dangereusement dans une seconde partie qui s'éparpille dans des détours injustifiés. La mise en scène, quant à elle, reflète à elle seule toute l'ambivalence du film. Inventive, insaisissable, indécise : elle est tout ça à la fois. Devant sa débauche et son incapacité à se poser malgré un paquet de bonnes idées, Le Pacte des Loups finit par ressembler à un taureau enragé qui défonce tout sur son passage, prenant des coups mais en rendant tout autant. Aujourd'hui encore, l'entreprise impressionne (pas toujours dans un sens positif, certes). On ne peut pas en dire autant d'un casting souvent ridicule (qui croit en Samuel Le Bihan ou en Mark Dacascos, sérieusement ?) ou bien d'une intrigue qui aurait peut-être du se cantonner à la résolution de l'enquête sans trop développer parallèlement des sous-arcs narratifs brassant des thèmes douteux. Mais bon, il faut croire que Le Pacte des Loups ne trouve sa cohérence que dans son incontinence, et qu'il se regarde plus finalement comme un film total que comme une oeuvre qui cherche à plaire par une voie balisée. De toute façon et malgré ce que je peux en dire, l'ensemble demeure toujours très, très divertissant.