1766, l’Église est au sommet de l'autorité. Une bourgeoisie pourrie jusqu'à l'os étale son opulence jusque dans les plus profondes provinces. Au cœur du Gévaudan, une étrange créature répand la terreur parmi les populations locales. Alors que les massacres se multiplient, leur échos sanglant se répand comme une trainée de poudre jusqu'au plus hautes sphères. Un fait divers devenu problématique pour l'autorité royale. La chasse est donc ouverte et les battue fond rages. Des centaines de loups sont massacrés. Cependant, le sang d'hommes, femmes et enfants ne cesse de souiller ces terres désolées comme un châtiment suprême. Christophe Gans nous transmet une parenthèse d'histoire. Il nous donne la lumière sur une légende urbaine, un mythe ayant marqué le pays tout entier. A une époque où les croyances faisaient de l'homme les pantins de Dieux, les épileptiques étaient brulés vifs comme des sorcières, des suppôts de Satan, et donc une bête aussi improbable ne pouvait être que le fruit du diable. Gans retranscrit à merveille cette période de l'histoire barbare et impitoyable. La pré-Révolution, où une poignée d'humains faisaient encore la lois sur le reste du pays. Au fond, la bête n'est que le prétexte d'un message bien plus fort. Un jeu machiavélique où la morale n'est plus. Il ne s'agit pas de tuer pour tuer, mais avant tout semer la terreur sur les plus inébranlables. Le Pacte des loups, 2001, est un récit quasi romanesque, l'épopée d'un homme en soif de justice et de rébellion. Samuel Le Bihan impose une présence ravageuse et charismatique. A ces côtés, l'intriguant Mark Dacascos, alias Mani, un indien à la force redoutable. Le reste du casting est impressionnant et les seconds rôles y mettent tous leur grain de sel. De la sensuelle Monica Bellucci au manipulateur Vincent Cassel. Un film bardé d'influences diverses qui nous entraine de grès où de force dans les méandres de plusieurs genres bien distincts: le côté aventure, très palpitant, les combats d'art martiaux tout en puissance; l'épouvante, apportant cette atmosphère en suspend, glauque et riche de suspens; puis le côté historique, immersif et saisissant. Une photographie impressionnante d'ampleur et de contrastes nous offre une ribambelle de plans magistraux, toujours dans des nuances très sombres. Cette réalisation purement française est une ode à notre nation, qui plus est dans un registre où les chefs d’œuvres sont rares. Si ce film n'en est pas un, il a au moins le mérite d'être passionnant de bout en bout et nous incite à réfléchir sur les vrais pouvoirs de l'homme. Assurément culte. 4,5/5