Le mythe de la bête du Gévaudan, revu par Christophe Gans, intègre une dimension fantastique et l'idée d'une machination. Dépêché par le Roi, le chevalier de Fronsac, naturaliste et homme d'action, se doit de découvrir le mystère et de traquer le monstre qui terrorise la population.
Les attaques de la bête, longtemps invisible, donnent des scènes assez réussies en termes d'angoisse et d'épouvante, qui baignant souvent dans un esthétisme cafardeux et comme irréaliste, ne sont pas sans rappeler le "Sleepy Hollow" de Tim Burton et les agressions de son cavalier sans tête. Mais ces moments épars de terreur ne constituent pas un film captivant. Entre chacun d'eux, Gans semble broder, esquissant des rapports superficiels entre Fronsac et ses hôtes provinciaux. La relation du héros avec la fille de la maison,
avec une prostituée étrange
ou encore avec son fidèle compagnon, un taciturne indien d'Amérique doué en arts martiaux (que viennent faire ici ces combats?) sont comme des digressions, parfois tape-à-l'oeil et esthétisantes. Pour tout dire, les personnages sont plutôt faibles, voire transparents, car ils ne sont portés par aucune idée forte.
Et que dire de la seconde partie du film, quand l'action s'emballe
et que la bête apparait.
Spectaculaire, certes, mais qui n'en finit pas d'annoncer le dénouement. Manquant de simplicité et de concision, cette partie flirte parfois avec le grotesque
(quand Fronsac et son indien se peinturlurent des couleurs de la guerre)
, se disperse, et son défaut d'unité est le résultat d'un éclectisme mal maîtrisé provenant des "films de genre".
En voulant trop montrer et trop dire, en voulant faire du grand spectacle, Gans enlève au sujet de son mystère et de son caractère cauchemardesque. Appliqué, "commercialement correct", le film ne parvient pas à masquer ses carences dans l'inspiration et le brio de la mise en scène.