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Critique Facile
89 abonnés
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3,5
Publiée le 6 août 2022
Alain Guiraudie, que l’on pourrait qualifier au risque d’une fatale réduction de radical et de libertaire, a confessé pour Viens je t’emmène vouloir « revenir à la comédie tout en restant ancré dans la réalité et l’actualité sociale ». Il ajoutera également avoir en tête « l’esprit du théâtre de Boulevard » pour ce film ». Incontestablement, il y a dans Viens je t’emmène comme un vaudeville prolifique avec un foisonnement idéologique multiple. Le film recèle en effet tout ce que l’on sait de la pensée Guiraudienne, à l’aune d’un cinéma militant, provocateur et bousculant avec un plaisir non dissimulé les codes de la bienséance. Il peut dire qu’il cherche à « dégager des horizons pour la collectivité ». Cette aspiration est très présente dans Viens je t’emmène, tant il semble vouloir déconstruire les clichés et stéréotypes, et se pose en défricheur anthropologue d’une utopie perdue… Il montre énormément en peu de temps.
Le film aborde pêle-mêle la prostitution, le terrorisme, le racisme, l’exclusion, à travers une galerie de personnages et de situations hautes en couleurs, et en effet toute vaudevillesques. Il en ressort parfois un aspect foutraque total, mais l’ensemble se tient avec force, à travers notamment le personnage de Médéric, qui fait lien. Nous sommes ici dans une folie farandolesque, une exacerbation des névroses. C’est un film de superpositions permanentes et d’accumulation de bizarreries.
Viens je t’emmène, à la sauce vitriolée nous parle tragi-comiquement de nous-mêmes… C’est parfois gracieux, parfois atrocement consternant, mais toujours pertinent dans son impertinence. Un type de cinéma émancipateur qu’il est bon de défendre et de soutenir.
Je ne sais pas comment décrire ce film tellement nul et grossier. Il n'y a pas de sentiment d'amour, c'est plus tôt du sexe. Un mélange avec le djhadiste la prostitution l'homosexualité et le travail d'enfant enfin bref on s'y perd.
Guiraudie s'affranchit avec bonheur des canons de la comédie sentimentale et dresse le portrait déconcertant, glaçant d'une France de défiance et de division. On se dit dans un premier temps que tout semble absurde puis, à la réflexion, qu'on a rarement vu une oeuvre aussi réaliste. Un film qui nous fait sortir de la caverne, et surtout nous encourage à penser en dehors de nos préconceptions.
OVNI cinématographique, bon rythme, caricature mordante de toutes les obsessions du moment : prostitution / amour, arabe / terroriste, homosexualité / arabe, belle fille / hétérosexuel...Un peu fouillis malgré une narration bien construite
Pas grand chose à dire de ce film où la fantasmatique du réalisateur est dévoilée en choisissant d'exposer sous tous les angles une actrice mature dans des scènes de sexe dignes du porno, notamment celle du cunnilingus. Il n'y a même pas d'histoire à ressortir de cet opus que certains sont suceptibles d'apprécier, tout dépend d'où on met le curseur dédié à la sensation de la pudeur. J'ai juste une question : Noémie Lvovsky est-elle mariée ou en couple ?
Guiraudie a écrit pour la première fois une histoire où les amours sont avant tout hétérosexuels, même si certains personnages se disent homos. Tout ça pour traiter frontalement des attentats islamistes. Malheureusement, le scénario s'avère trop tortueux et forcé pour qu'on adhère vraiment. Ainsi, en voulant se colleter avec la réalité, le réalisateur perd de sa fantaisie. Il n'en demeure pas moins qu'un Guiraudie moyen reste un bon film.
J'aime les films de Guiraudie, décidemment. Ici ça tourne au vaudeville plus qu'au drame, dont il a l'habitude ,enfin, presque car... Les travers de notre société y sont, xénophobie, suspicions, névroses, femme battue, communautarisme, tout ça dans le sombre Clermont Ferrand ( j'adore les films tournés dans nos villes de province! 🖤) mais l'histoire est tellement incongrue qu'on sourit. J'aime ses personnages ordinaires mais complètement atypiques qui sortent des clichés habituels. De l'amour, de la jalousie, des attentats terroristes sur la place Gaude aux pieds de la statue de Vercingétorix. Quelle histoire ! Original.
J'ai rit presque tout au long du film et des situations loufoques qui s'enchainent. Le comique de répétition joue à plein : le héros n’arrivera pas à faire l’amour à Isadora la femme qu’il aime. II en court des kilomètres Médéric au milieu de cet imbroglio. J'ai aimé ne pas savoir exactement qui fait quoi : est-ce que le jeune SDF est un terroriste ? Ou un voleur de shit ? Ou un homosexuel amoureux ? Quel jeu joue Isadora ? J'ai aimé le vieux gérant de l'hôtel très discret mais qui connait bien ses clients. Et les autres habitants de l'immeuble ne sont pas en reste. Un film qui brouille les codes de notre société.
Réussite absolue, à tous les niveaux. C'est d'abord une merveille dans le jeu des acteurs, qui à travers leurs différences et leurs singularités forment comme une troupe, un collectif. Et le film prend de front les impensés et refoulés des gentils bobos, dans une forme de vaudeville super rythmé et très drôle. Le tout est énergisant, et la réunion finale des protagonistes est super réussie. Pour moi, et de loin, le meilleur Guiraudie.
L'idée de mêler terrorisme et vaudeville un peu porno dans la "France profonde" fonctionne bien ainsi que ces personnages déroutants et imprévisibles dans leur désir. Guiraudie veut aborder les obsessions de la France post-attentat à travers la loufoquerie, on est souvent pas loin de Feydeau et de ses vertiges angoissés: là aussi ça fonctionne. Dommage que le réalisateur n'ait pas pu s'empêcher de rajouter une épaisse couche de morale sur ce qui semblait assez bien parti: le petit refrain sur l'islamophobie tourne presque à l'inversion du réel. Et lee film finit par sombrer dans une sorte de beauferie édifiante, assez louche et complaisante.
Joli navet dans lequel on se demande encore comment des acteurs aussi talentueux ont pu se fourvoyer. Rien ne nous est épargné, de la scène limite porno en ouverture , en passant par le monde des méchants habitants de cité homophobes, les pauvres Djihadistes à qui on cherche des excuses, spoiler: sans oublier le thème de la prostituée nymphomane et battue par son mari … On aborde mille autres thèmes aussi rapidement que l’on mange un tic-tac , et on en sort avec la désagréable impression d avoir regardé une chaine Info sous Acides
Un Guiraudie riche en rebondissements et dont le mélange des histoires est bien maîtrisé. L'humour trouve sa place de manière subtile. Jean-Charles Clichet a quelque chose dans le jeu qui rappelle Vincent Macaigne, dans la sensibilité et la candeur offertes au personnage.
Au début du mois de mars, je me suis rendue en salle, surtout je l’avoue parce que l’affiche m’intriguais, pour voir le dernier film d’Alain Guiraudie. Viens je t’emmène m’est apparu comme un OVNI au sein de la programmation. Il est resté très présent dans mon esprit au cours des semaines suivant son visionnage, comme s’il continuait de germer en moi. Voici quelques mots sur un film inattendu, inclassable et objectivement absurde.
Une rue vide offre à notre regard, lorsqu’il se porte plus loin, un panorama dominant de la ville de Clermont-Ferrand. Médéric approche timidement une femme. Voici ce qui introduit l’incongruité de l’univers dans lequel nous glissons ainsi que la maladresse de notre personnage principal, contraint d’expliquer la nature de sa démarche quand il fait la cour à une prostituée. Si cette scène a une saveur de déjà-vu au cinéma, nous nous délectons déjà de la naïveté et de la douceur de Médéric, interprété par le génial Jean-Charles Clichet.
Viens je t’emmène ou un passage de la vie de Médéric et de son voisinage. Plusieurs histoires se superposent et se croisent. Alors que notre protagoniste entame une relation avec Isadora, rencontrée sur le trottoir et mariée à un jaloux-tyrannique, une attaque terroriste au centre-ville secoue les clermontois. Au 5 Rue Ledru, un arabe qui zone dans l’immeuble provoque de manière ambivalente la méfiance et la compassion des résidents. Ces deux sentiments graviteront tout au long du film, suggérant avec beaucoup de justesse à la fois l’angoisse partagée que génère un attentat, mais également l’apathie que tend à provoquer un monde régi par les informations en continu : « C’est pas parce qu’il y a eu un attentat que tout doit s’arrêter », maugrée Médéric alors que l’annonce de la télé l’empêche de faire l’amour avec Isadora. Ce premier rapport sexuel entre les personnages nous donne à voir le réel sans altération ni détours, quand même le personnage reconnaît le caractère exagéré des mugissements de sa partenaire. Le sexe est désacralisé mais pas l’amour.
Notre anti-héros, sa tenue de sport en guise de costume de justicier enfilée, court à la rescousse d’un jeune en voie de radicalisation et de sa princesse en danger. Intrusion, violence, destruction. « Tout le monde s’énerve, plus personne se parle. On va en crever de ça hein » commente Médéric à ses voisins. Viens je t’emmène réussit le pari de faire du contexte extrême et traumatique qui est celui de notre époque, une comédie grinçante, alors que l’homme est face à ses limites.