Non friand du cinéma français, encore moins des comédies françaises, la bande annonce de ce film me donnais.. envie.
Ayant l’inscription « […] festival de Cannes » en horreur, j’ai grincé des dents quand l’inscription est apparue, puis dans les secondes qui ont suivi, face à ce choix de‘mise en page’ pour la liste des acteurs, contributeurs,etc.. annonçant sans le moindre doute un film qui allait m’être très très très pénible. Et, enfin, la première image, le premier échange au spectateur, le début de la magie.
Huit-clos à la réalisation atypique où le personnage brise le mur toutes les 20 seconde, plus bavard auprès des spectateurs qu’auprès des autres personnages qui partagent ‘son diner en famille’, dans une présentation intégrale, avec un texte très bien maîtrisé; la façon dont l’arrière de la scène est coupé temporairement le temps qu’il nous partage ce qui se passe dans sa tête à l’instant précis, les jeux de lumières tamisées, d'un 'double', etc... que ce soit un fantasme farfelu dont on aura droit à une imagerie loufoque ou un simple monologue cité avec une tête d’enterrement dans lequel on s'identifie, toutes les mécaniques maîtrisées, pour un rendu rafraichissant, et faisant beaucoup de bien.
"J’ai envoyé un texto à ma copine ‘en pause depuis 38 jours, à 17:34, j’ai été notifié de sa lecture du message à 18:52 (j’invente les chiffres), je suis bloqué en famille à un foutu repas comme j’en ai vécu par centaines et où je fais seulement du présentiel en écoutant des conversations qui ne m’intéressent déjà pas en temps normal, à me poser mille et une questions sur les raisons de ce long silence de sa part, des circonstances du break, mon futur beau-frère et sa science ennuyeuse à enchaîner les sujets assis à côté de moi, mon père et ses anecdotes labyrinthiques qui n’en finissent pas de l'autre côté, tout le monde attendant de moi quelque chose, alors que je ne pense qu’à ce foutu téléphone que je tiens dans la main mais dont on ne m’offre que de rares occasions à regarder, et, avec toute cette galère insurmontable, en prime, l’autre *** me demande de faire un discours au foutu mariage de ma sœur dont je me sais totalement incapable de réaliser sinon pour tuer l’ambiance, me ridiculiser, ou pire encore: pourquoi tant de complexité et comment me sortir de cette situation digne d’un soldat blessé désarmé boitant entre deux tranchées où guerre fait rage alors que tout le monde m'étouffe de tous les côtés?
Je croyais aller voir ce film tout seul, et, finalement, c’est auprès d’un groupe d’une vingtaine de parfaits inconnus que j’ai partagé ma séance, dans cette fameuse ‘convivialité’ dont nous rabâchent les pubs cinés nous offrant un sentiment de surenchère, tant, avant même cette histoire de pandémie mondiale, cet aspect-là de partager un film en ‘grand’ comité, était déjà bien longtemps oublié par beaucoup, car pris pour acquis.
Est-ce que ce film vaut le coup d'un choix sur grand écran plutôt qu’un autre du moment à l’affiche ?
Je répondrais oui, ne serai-se pour cette expérience unique de rires en chansons, en canons, que l’on ne peut connaître qu’au travers de nos salles obscures.
Expérience formidable.