Tout Simplement Noir est une référence au groupe de hip-hop du même nom de la fin des années 1980. Pour les réalisateurs, il s'agit aussi de rappeler que l'on peut employer le mot « noir », que les gens n'osent plus prononcer dans le langage courant : « Ils trouvent plus chic de dire « black ». Pour nous, il n’y aucune honte à dire « noir » : c’est juste une couleur ».
Pour Jean-Pascal Zadi, ce film est né « de l’envie de faire une œuvre collégiale, drôle et porteuse d’un message. On voulait fédérer un maximum de personnalités noires autour de ce projet et avoir le plaisir de les voir s’éclater à l’écran ».
Jean-Pascal Zadi et John Wax se sont rencontrés plus de dix ans avant la réalisation de Tout simplement Noir grâce à un ami commun. Ensemble, ils ont déjà tournés dans Le Crocodile du Botswanga où Zadi jouait un petit rôle et Wax était photographe de plateau. Tout Simplement Noir est né de leur envie de collaborer sur un projet qui leur ressemble. Zadi a travaillé le scénario avec Fabrice Éboué puis avec Kamel Guemra, pour donner une structure plus narrative au film. Wax est intervenu lors de la préparation du film. Il raconte : « On n’avait jamais bossé ensemble sur l’écriture mais comme on rigole des mêmes conneries, le ping-pong a été facile ». Son comparse ajoute : « J’ai un humour absurde et engagé. Celui de John est plus corrosif. Le film a trouvé son juste ton en mixant les deux ».
Si JP est un personnage de fiction, il est nourri du vécu et de la personnalité de Jean-Pascal Zadi. Les deux réalisateurs se reconnaissent dans cette figure de loser, comme John Wax l'explique : « On l’a été à différentes périodes de nos vies. JP est aussi un mec maladroit, attachant. Je me sens proche de ce père de famille qui galère et veut trouver sa place dans l’artistique... ».
Tout Simplement Noir comporte de nombreux guests. Les deux réalisateurs ont écrit chacune de leurs scènes en fonction de leurs envies, bien avant d'avoir l'accord des personnalités. Jean-Pascal Zadi revient sur leurs participations : « Les guests qui ont accepté n’ont pas seulement joué des scènes politiquement incorrectes, ils ont aussi joué avec leur image, le jugement qu’on peut avoir sur eux. C’est une preuve de grande intelligence et je rends hommage à leur capacité d’autodérision ».
Tout Simplement Noir est un faux documentaire qui s'amuse à brouiller les pistes entre fiction et réalité. Les réalisateurs ont opté pour cette forme car elle permet de rester ancré dans le réel et d'éviter de basculer dans le surréalisme. Il s'agit aussi d'éviter le voyeurisme et l'image putassière : « la caméra filme de loin, comme un témoin neutre qui enregistre des faits », explique Jean-Pascal Zadi. Par ailleurs, cela a permis de respecter le budget du film en évitant de faire des travellings ou d'utiliser une grue, qui auraient nécessité plus de moyens.
L'une des principales préoccupations des réalisateurs a été d'éviter de faire un film à sketches. Lors du montage, ils se sont rendus compte qu'ils avaient plusieurs scènes entre lesquelles il manquait du liant. Il leur a fallu en retourner d'autres. Ils ont aussi supprimé, à l’écriture et lors du tournage, des scènes trop gaguesques ou loufoques.
Jean-Pascal Zadi et John Wax se défendent d'avoir signé un film communautariste. Zadi explique : « Le film est une critique du communautarisme par l’absurde, on essaie de montrer que parler de communautarisme n’a pas de sens... Le cœur du film, c’est le parcours d’un père de famille qui essaie de trouver sa place dans la société ».