OK, c’est filmé à l’arrache, comme tout Documenteur digne de ce nom et ça ressemble plus à une collection de sketches qu’à un vrai film mais alors que les comédies françaises se suivent et se ressemblent, celle de Jean-Pascal Zadi, sur un thème qu’effectivement, aucun “Blanc” n’aurait pu se permettre de tourner sans risquer de devenir infréquentable, fait un bien fou, et toute nouvelle pousse apparaissant dans le paysage d’un humour français de plus en plus poussiéreux et redondant est toujours bonne à prendre. Comédien raté, Zadi souhaite organiser une grande marche des Noirs pour dénoncer le manque de diversité dans la société française et plus spécifiquement dans les médias et la culture. Véritable Pierre Richard afro-descendant, aussi idiot et maladroit qu’attachant et plein de bonne volonté, Zadi, en essayant de recruter les célébrités d’origine africaine du show-bizz hexagonal, va voler de catastrophes en catastrophes. ‘Tout simplement noir’ ne repose pas sur le dispositif de la caméra cachée comme les films de Sacha Baron Cohen : il aurait sans doute été encore nettement plus percutant mais la société française reste sans doute encore trop timorée vis-à-vis de telles mises en boîte trash, d’autant plus que les acteurs qui interviennent dans leur propre rôle (Kassovitz, Judor, Starr, Fary, Eboué,...) ont parfois longuement hésité avant d’accepter tant certaines séquences vont bien plus loin dans la provocation que ce que l’humour français ose généralement se permettre aujourd’hui. On pense à Kasso exigeant une “africanité” pure de son acteur et adoptant sans s’en rendre compte les attitudes d’un marchand d'esclaves, ou au très pondéré Lucien Jean-Baptiste qui pête un plomb et se transforme en chien de guerre adepte de la machette. Pourtant, derrière la farce, les constats sont justes, bien plus justes que dans n’importe quel “oeuvre d’utilité publique” aux visées édifiantes : l’antiracisme de façade ne vaut pas mieux que le raidissement identitaire sans recul, et la discrimination ne se niche pas uniquement là où l’état a pris la peine de légiférer. Soucieux d’en apporter la preuve par l’absurde, Zadi multiple les scènes où ses interlocuteurs le renvoient à sa dentition pas possible plus qu’à sa couleur de peau. Avec une joie communicative, le film déboulonne joyeusement les stéréotypes, les positifs comme les négatifs, et ne se réfugie pas peureusement derrière une petite morale complaisante et lénifiante,conservant son approche délicieusement corrosive jusqu’au bout, même si, grâce à un équilibre miraculeux, il ne relativise à aucun moment racisme réel tel qu’il est subi au quotidien par les Noirs de France