J’ai tout bonnement été emballé par ce film, non seulement désopilant mais intelligent. Menée tambour battant, c’est une sorte de fable, de comédie douce-amère très bien vue et sentie, ancrée dans son époque, avec de petits éclats de pépites satiriques sur notre société médiatique où le ‘paraître’ prend le pas sur ‘l’être’, à coups de buzz et de prêt-à-penser. (Les brutalités policières , elles, — le film le rappelle au cours d’une brève séquence coup de poing — ne sont pas un mythe !... et là, le sourire s’est coincé dans ma gorge.) Le personnage principal, avec son sourire tout en cubes blancs et plein d’étincelles dans les yeux, est drôle, gaffeur, généreux, sincère, souvent touchant. Le spectateur se tient à ses côtés et a envie de lui dire : « Calme-toi, mec, pose-toi, les choses ne sont pas aussi tranchée que tu le dis, plus grises que noir et blanc ! » En fait, notre loser dégingandé est victime de son aveuglement, peut-être d’un bourrage de crâne, en tout cas de sa folle générosité, de sa nostalgie de Fraternité plus que de son ressentiment mimétique, pour revenir peu peu à plus de sagesse, plus de modestie à la fin du film : étrange happy-end en forme de fiasco. Du coup, la leçon est claire : l’idéologie mémorielle et la victimisation obsessionnelle sont bel et bien une double impasse. Pas forcément drôle. Et l’on se dit que ce qui est valables pour les blacks (pardon, les Noirs !) l’est sans doute aussi pour les gays, les féministes, les Tehuelches de la Terre de Feu, etc. dont certain.e.s ambitionnent de réécrire l’Histoire en oubliant le seul essentiel : acquiescer au réel, donc au Présent. Contextualiser, ne pas oublier certes ni folkloriser ni généraliser, en tirer les leçons pour aujourd’hui et changer en se rapprochant de l’Autre, "étrange étranger", si loin, si proche. Deux conseils : ne pas zapper le générique final, reconstitution sépia haute en couleurs (cherchez l’intrus !), et voir le film dans une salle pleine car le rire y est plus contagieux. L'intelligence aussi sans aucun doute.
Encore ceci : je trouve dommageable que quelques mauvaises critiques de (non ?)spectateurs, peut-être eux aussi aveuglés par leur idéologie communautariste mais ni drôles ni tolérants dans leurs avis en ligne, fassent baisser la note globale de « TOUT SIMPLEMENT NOIR » qui se hisse, à mon avis, au niveau des meilleurs comédies françaises, en tout cas un divertissement de qualité qui tombe à pic. Al dente !