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velocio
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2,5
Publiée le 15 octobre 2020
Il y a 2 ans, "La tendre indifférence du monde", qui semblait être le premier film d'un réalisateur kazakh, Adilkhan Yerzhanov, mais qui, en fait, était son 6ème, avait marqué les esprits de nombreux cinéphiles. Dans "A dark, dark man", on retrouve le même univers cinématographique, à mi chemin entre Jim Jarmush et Aki Kaurismäki, mais décliné de façon beaucoup plus sombre, on retrouve les mêmes phénomènes de corruption, présentés ici avec beaucoup plus de violence. On retrouve aussi la comédienne Dinara Baktybaeva, dans un rôle de journaliste qui s'efforce de mettre des bâtons dans les roues d'une mafia policière locale. Malheureusement, la clarté n'est pas la qualité principale de ce film qui, avouons le, déçoit un peu par rapport au précédent.
Un film kazakh où l'on cite Montesquieu ne peut être totalement mauvais. Son jeune réalisateur, Adilkhan Yerzhanov, avait d'ailleurs donné un titre de Camus, La tendre indifférence du monde, à son avant-dernier et flamboyant opus, présenté à Cannes. A Dark-Dark Man est un objet étrange, bien plus austère, sorte de film noir transposé dans un coin perdu du Kazakhstan, dans des lieux où l'horizon est vide et infini et où l'on voyage au ralenti, une steppe après l'autre. Un film contemplatif (très) mais aussi ludique et férocement ironique qui semble s'amuser à composer un univers corrompu avec des gangsters (ou flics, la différence est ténue) qui paraissent sortir d'un long-métrage de Jean-Pierre Melville. Pour l'humour, très noir et volontiers absurde, il est naturel de penser à ce bon vieux Kaurismäki. Mais foin des références, A Dark-Dark Man trace sa route sans chercher précisément à décrire une situation spécifiquement kazakhe, l'objectif de Yerzhanov semblant plus universel, comme dans son film précédent, face à un monde cruel duquel l'innocence semble avoir disparu et où tout doit se terminer dans un bain de sang. Il faut le reconnaître : l'intrigue est souvent elliptique et la clarté de l'ensemble ne saute pas aux yeux. Mais peu nous chaut, en définitive, car le film se goûte surtout pour sa lenteur hypnotique, sa musique qui ne l'est pas moins et ses espaces illimités. Il suffit, pour s'y retrouver, de prendre une steppe après l'autre.