Je ne connaissais pas Nicolas Cage, dont j’ai appris qu’il est le neveu de Francis F.Coppola et qu’il a décidé de changer de nom, devenant Nicolas Cage pour ne pas rester dans l'ombre de son illustre oncle….Je n’en connais pas plus sa filmographie , laquelle ne doit pas correspondre à mes goûts cinématographiques …C’est sur le titre que j’ai flashé, je venais de voir First Cow, la mélancholie sylvestre de Kelly Reichardt, alors Pig pourquoi pas, d’autant que l’on retrouve les forêts de l’Oregon…même si c’est à un siècle et demi d’écart. Robin (Nicolas Cage) est un homme des bois, du genre ermite ou hippie barbu qui vit dans une cabane en pleine forêt avec sa truie truffière avec laquelle il entretient une relation pleine de tendresse…Dans les premiers instants du film, on le voit chercher des truffes aidé de sa truie. On l’observe évoluer, taciturne, dans une forêt sombre jusqu’à l’arrivée d’une rutilante Camaro jaune. C’est Amir (Alex Wolff) fils du principal courtier en truffes de la région de Portland, une ville où l’on trouve des truffes et qui est l’un des endroits les plus réputés à ce sujet. Amir, cherche à mener ses propres affaires dans l’ombre écrasante de son père… Aves Amir, Robin ne prononce jamais un mot superflu : il échange des truffes contre des vivres et son interlocuteur repart bien vite. Non sans avoir précisé cette fois qu’il se sentait un peu responsable, dans la mesure où il est à peu près le seul à savoir Robin en vie alors que l’on le croit mort …Une nuit, on s’introduit dans sa cabane par effraction, on lui vole son animal. Démuni, Rob n’a pas d’autre choix que de renouer avec la civilisation pour partir à sa recherche. Il demande à son client de le conduire à Portland afin de remonter la piste de la poignée de spécialistes qui pourrait en vouloir à ses truffes …Il devra y affronter ses vieux démons, il a été dans le passé une star de la haute gastronomie régionale, un chef inventif et reconnu dont les clients conservent le souvenir ému de sa cuisine….et aujourd’hui, seul, il va traîner ses oripeaux de clochard et son mutisme doux de restaurants en caves interlopes, dans un Portland de branchés, gentrifié par les établissements pompeux et le nouveau mercantilisme de la gastronomie… Chaque rencontre entre Robin et une ancienne connaissance réveille d’anciennes blessures et provoque des remises en question — celle avec le chef d’un des restaurants les plus réputés de Portland est particulièrement mémorable. Le jeu de Nicolas Cage y est alors à son sommet, exprimant une colère sourde, une tristesse qui perce l’écran, néanmoins on n’en saura pas plus sur le traumatisme qui l’a amené à fuir la société (un deuil ??) ou est-ce parce que le geste altruiste de cuisiner a été corrompu et transformé en une industrie ? Nicolas Cage parvient à émouvoir grâce à un jeu minimaliste, contrit et intérieur – d’ailleurs, quand il finit par exploser, il surjoue –, Alex Wolff lui, l’émotion toujours à bonne distance, incarne avec finesse le jeune gamin riche et dévasté…. Malgré les quelques scènes de baston, tellement inattendues qu’elles font invraisemblables, Pig s’avère un film touchant et captivant, à l’esthétisme soigné mais inclassable ….