La recette magique des drames comiques français restera toujours l'inspiration d'une histoire vraie, "Intouchables" il y a 11 ans, "Un Triomphe" aujourd'hui.
Reprenant une incroyable histoire trop vraie et nordique, Courcol s'attelle à l'exercice de montrer des groupes d'individus que tout oppose qui s'investissent pour pouvoir briller même quelques instants, ici par le prisme du théâtre et de la prison. C'est un style de film vu et revu, mais dont on sous-estime trop souvent le numéro d'équilibriste qu'il demande : montrer une réalité difficile de façon honnête tout en étant supportable.
"Un Triomphe" en suit les codes, mais ce sera malheureusement un très léger déséquilibre notamment dans la structure qui retient l'expérience par les poings, l'empêchant de devenir marquante et la rendant un poil quelconque. Il y a pourtant une force, une vraie force qui sommeille en ce film, et on voit bien qu'il a toutes les qualités pour devenir un très bon feel good movie avec la petite touche d'amertume enrobé d'espoir qui fait la magie de cette catégorie de films.
La faute peut être aussi à une réalisation parfois trop en retenue, qui touche ce qui est beau sur quelques scènes, mais qui se révèle trop classique dans l'ensemble. La faute peut être aussi à une envie de faire un film de groupe, mais où certaines personnalités resteront floues, leur arc narratif étant construit un peu trop maladroitement au mieux, leur arc narratif étant totalement absent au pire.
La volonté de vouloir nous faire oublier qu'on est face à des détenus est louable, mais si la contrepartie est de laisser certains personnages rester des façades, cette volonté devient plutôt tiède. Certains arcs narratifs semblent également démarrer au bout d'un moment, mais ne trouveront jamais une conclusion satisfaisante.
Et pourtant, l'histoire est belle. Ce voyage pour se sortir de la merde à travers le travail de Beckett est fort, et toutes les scènes tournant autour de la pièce (donc quand même une grande partie du film) sont réussies, car elles sont justes, elles sont vraies. On s'investit, on a peur, on y croit. La peur de l'échec, leur condition de détenu qui ne leur présente aucune issue louable, le parallèle entre la prison physique qui les retient et la prison de l'échec qui retient Étienne (Kad Merad), tout ça, on le sent dans chacun de leurs visages
"Un Triomphe" était à ça d'être un coup de cœur pour moi, il n'en reste pas moins que le film est tout à fait recommandable. Allez le voir, allez voir ces détenus qui veulent y croire autant que nous, on croit en leur histoire, en attendant la liberté.