Etienne, comédien de théâtre sur le retour, en recherche de nouvelles expériences pouvant relancer sa carrière, se voit confier un projet social : donner des leçons de théâtre à des prisonniers en prison. Emballé moyennement au départ, Etienne perçoit le potentiel des Hommes qui se présentent à lui et décide de monter en attendant Godot de S. Beckett. Et l'aventure humaine, culturelle et sociale commence...
Un triomphe est un joli film, avec beaucoup de cohérence et de points réalistes. Le comédien n'est pas forcément une star, une vedette non cela peut être un anonyme évoluant dans un milieu très particulier. La prison est bien filmée : la détérioration des lieux, les jeux de pouvoir, finement exposés, les fouilles, les agents de la pénitentiaire doutant etc....Le choix de la pièce en attendant Godot, absurde et exposant une forme de quête absolue, ce que connaissent puissance 1000 les prisonniers.
Le jeu d'acteurs est vraiment réussi, ,notamment Kad Mérad qui sort du registre comique qui tourne en rond pour donner vie à ce comédien anonyme qui voit sa carrière gentiment passer derrière lui. Les 5 acteurs jouant les prisonniers David Alaya, Sofiane Khammes, Lamine Cissokho,Pierre Lotin et Wabinlé Nabié sont plus vrais que nature. Leur formation fonctionne très bien. La finesse avec laquelle Boïko (interprété par A. Medvedev) se glisse dans le projet. Mais la meilleure reste Marina Hands, jusque dans la coiffure et les costumes !
Sur le fond, on est dans la lignée des comédies sociales comme savent si bien le faire les Anglais.es car le scenario est bien écrit, fluide, réaliste. En même temps, il est inspiré de l'expérience d'un metteur en scène suédois dans les 80's. Mais E. Courcol aurait pu se planter en ramenant l'histoire en 2019 en France. Notamment sur l'aspect sociologique et social des prisonniers qui sont incarcérés en France. Sans compter tomber dans l'angélisme. NON ! Kad Merad campe un metteur en scène qui n'est pas là pour faire du social mais pour jouer et faire jouer. Et qui ne se démonte pas face à ces criminels, car ils restent des criminels au nom de la loi qui les a condamnés. Marina Hands qui joue la directrice de prison, le rappelle par touches subtiles mais très claires.
Il y a un point que j'ai trouvé pas du tout crédible (et qui m'a pas mal interpellé d'où la note de 3.5 étoiles) :
le choix des prisonniers notamment de Kamel. Dans la vraie vie, je ne pense pas qu'un braquo avec son profil, finement pointé dans le film, aurait eu accès à ce type de projet surtout lorsque celui-ci débouche sur des sorties régulières en extérieures. Mais bon....
Enfin, il faut rester pour le générique de fin car il diffuse des photos des vrais prisonniers et du metteur en scène suédois qui ont lancé ce projet en 1986. Ces photos ont quelque chose de A. Corbijn photographiant Joy Division en Angleterre à la toute fin des 70's début des 80's.