Un Triomphe
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Emmanuel Courcol s’était fait remarquer en 2016 avec son 1er film, Cessez le feu, mais reste surtout connu pour ses nombreux – et souvent excellents – scénarii comme Au nom de la terre, Boomerang, ou Welcome. A remarquer que des sujets importants et graves. Ces 106 minutes ne dérogent pas à son habitude. Un sujet fort et des personnages plus qu’attachants. Un acteur en galère accepte pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre en prison. Surpris par les talents de comédien des détenus, il se met en tête de monter avec eux une pièce sur la scène d’un vrai théâtre. Commence alors une formidable aventure humaine. Inspiré d’une histoire vraie. Ce film ne sortira que le 1er septembre prochain et sera, à n’en pas douter, un des chocs de la rentrée.
Le scénario s'inspire d'une histoire vraie, celle de Jan Jönson, un comédien suédois qui, en 1985, a monté la pièce En attendant Godot avec les détenus d'une prison de haute sécurité. Le jour de la première publique à Göteborg, cinq des six acteurs se sont évadés... Pour représenter l'univers carcéral de manière crédible, Emmanuel Courcol a entrepris un long travail d'observation via des intervenants en prison et les témoignages d’intervenants théâtre en prison qui animent depuis pas mal d’années des ateliers théâtre à la prison de Fleury-Mérogis. - Il a pu lui-même animer un petit atelier vidéo à Fleury -. Le film a ainsi pu être tourné au Centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin. Tout devait être minuté et prévu au millimètre. Il faut dire qu’accueillir pendant huit jours toute une équipe de cinéma, acteurs, techniciens, figurants, dans une prison de 900 détenus en activité, relève du casse-tête. C’est la première fois que l’Administration pénitentiaire accordait une telle possibilité à une production. Tout cela donne un drame puissant servi par un grand acteur et une distribution au diapason. Une excellente surprise !
Kad Merad tient là sans doute un de ses meilleurs rôles. Il incarne avec une justesse admirable un homme blessé par la vie, qui, à force de se surestimer un peu, a lassé son entourage familial et professionnel. Le personnage est plus complexe qu’on ne pourrait le penser, car, au départ, c’est bien pour lui qu’il tente cette aventure, c’est lui qui se réalise, les détenus ne sont qu’un moyen de toucher à son rêve. Les « détenus », parlons-en. David Ayala, Lamine Cissokho, Pierre Lottin, Sofian Khammes, Wabinlé Nabié, sont formidables de naturel et de justesse. Avec eux, les participations de Marina Hands et Laurent Stocker, - tous deux de la Comédie Française -, sont tout aussi impeccables. Ne vous laissez pas berner par le qualificatif « comédie » dont les distributeurs ont cru bon d’affubler cet excellent film qui, je le répète, ne sortira en salle que le 1er septembre prochain. Patience ! Ça vaut le détour !