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traversay1
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2,0
Publiée le 25 décembre 2021
Comment traduire C'mon c'mon en français ? L'instant même au Québec et Nos âmes d'enfants sur notre territoire. Trois titres qui ne ressemblent pas, preuve que le film de Mike Mills est difficile à définir mais peut-être aussi parce que son contenu est assez vague. Déjà, il faudrait nous expliquer pourquoi le noir est blanc s'est imposé, sinon pour faire "auteur"qui a des choses à dire. Le synopsis officiel se termine par cette assertion pontifiante : "Entre les deux débute pourtant une relation faite de quotidien, d’angoisses, d’espoirs et de partage qui changera leur vision du monde." Ah oui, à ce point ? La rencontre entre un célibataire d'âge moyen et son neveu, enfant gâté, aurait donc eu ce pouvoir ? Le problème est que le film se divise grosso modo entre trois types de scènes qui reviennent sans cesse : le frère et la sœur au téléphone, les conversations de l'oncle et le garçon de 9 ans, les interviews de jeunes adolescents qui évoquent leurs espoirs pour l'avenir. Ce dernier aspect documentaire n'est pas le moins intéressant et change des platitudes pseudo-philosophiques assénées par ailleurs mais ne suffit pas à nous reconnecter au film, dans l'attente d'un moment d'intensité qui ne vient jamais. L'alchimie entre l'adulte et l'enfant n'est pas si évidente que cela et l'émotion, tenue en laisse, ne parvient à surgir artificiellement que juste avant le dénouement. Joaquin Phoenix est un grand professionnel mais sa performance n'a ici rien de marquant et c'est plutôt l'interprétation du jeune Woody Norman qui retient l'attention, exempte de toute minauderie.
L’histoire de ce journaliste célibataire superbement interprété par Joachim PHOENIX qui va s’occuper de son jeune neveu de 9 ans, est très intéressante. Tout en continuant à exercer son métier très prenant de journaliste, il va prendre en charge son neveu malgré les difficultés liées à son inexpérience dans ce nouveau rôle de père pour permettre à sa soeur de pouvoir s’occuper de son mari malade et gravement dépressif. Tourné en noir et blanc, le film est bien réalisé avec beaucoup de tact, d’émotions et d’humanité. Le jeune neveu dans un rôle complexe est absolument extraordinaire dans ce film qui est une sorte d’ode à la relation entre adultes et enfants.
Mike Mills nous présente certainement son film le moins réussi et surtout le plus rébarbatif. Il fait partie de ce que l’on pourrait appeler la nouvelle vague du cinéma indépendant américain avec d’autres artistes new-yorkais ou de Los Angeles tels que Noah Baumbach ou Greta Gerwig. Tous ont réussi de bons films, certains cultes même comme « Marriage Story », mais ils nous ont aussi délivré de vraies purges prétentieuses, surcotées, intello, se regardant le nombril qui plaisent juste à une élite bien ciblée et à certaines cérémonies de récompenses. Disons-le donc d’emblée : « Nos âmes d’enfants » n’est pas aussi réussi que « Beginners » ou même « 20th Century Women », ses précédentes œuvres. Il est même mauvais et terriblement chiant.
Sur le papier, ce mélange de récit d’apprentissage, de duo enfant-adulte à priori désaccordé et ce thème de l’avenir vu par la jeunesse pouvait accoucher d’un grand film. Mais c’est l’exemple même de traitement à la sauce auteuriste et maniérée qui va empêcher « Nos âmes d’enfants » d’être le beau film qu’il aurait éventuellement pu être. Le transfert de l’écrit à l’écran accouche d’un pensum de près de deux heures, certes joli sous tous rapports, mais vraiment ennuyant et interminable. Le choix du noir et blanc ici ne s’imposait vraiment pas et ajoute encore à cette impression d’objet arty opaque et peu avenant qui se la joue. La musique, entre notes classiques et musique d’ambiance bohême qui nous ferait presque croire qu’on est chez Nature et découvertes, n’arrange rien à la torpeur qui gagne le spectateur plus le film déroule ses bobines. On attend que le long-métrage prenne son envol et parvienne un tant soit peu à nous captiver. Ce qui n’arrivera malheureusement jamais.
On pourrait se rabattre sur les acteurs pour se consoler. Alors certes Joaquin Phoenix fait le boulot et reste bon, même dans un film moyen ou raté. Bravo à lui! Le jeune Woody Norman ne démérite pas non plus. Mais leurs longues logorrhées verbales à base d’aphorismes, de poésie ou de banalités sur la vie, nous anesthésie plutôt qu’autre chose. On se rabat sur quelques jolies séquences éparses, quelques moments en apesanteur et ces plans assez réussis sur les villes visitées par les personnages, de Détroit à Los Angeles et de New York à La Nouvelle-Orléans. Au final, ce qui s’avère le plus réussi dans cet objet indépendant et hermétique, ce sont les interviews de jeunes enfants sur leur vision de l’avenir, ce qui aurait pu faire un joli documentaire. Sinon, passez votre chemin.
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