Ce dernier M. Night Shyamalan avait pourtant quelques atouts en manche : des victimes très attachantes (et dont l'homosexualité n'est pas pointée du doigt, on salue l'inclusion parfaite), avec un Jonathan Groff au top (depuis Hamilton, on l'adore), des scènes violentes dissimulées qui permettent un visionnage à un public large (on ne voit jamais rien), et surtout un chouette concept de départ. Voici donc quatre personnes qui s'en prennent à un couple d'hommes et leur adorable fillette, sans raison apparente si ce n'est débiter des théories d'Apocalypse extravagantes... Alors, folie furieuse, révélation mystique, fin du monde réelle ?... Shyamalan vous dit tout, et ne vous dit rien en même temps. On s'explique : dans le peu de justifications qu'il donne aux ressorts de son récit, tout est absolument littéral, n'allez pas réfléchir, surtout. Aucun twist ne vient perturber son schéma d'une linéarité complète, très simple (on avait l'impression de ne rien comprendre pendant une heure et demi, c'est qu'en réalité, on cherchait une surprise, qu'on n'a pas eue) et qui parvient quand même à poser dix fois plus de questions qu'il n'a de réponses. Au-delà des questions de base sans réponses (frustrantes) qui sont "pourquoi ce couple, pourquoi maintenant, pourquoi dans cette cabane ?" (mettons cela sur le compte du prophétique), on se casse sans cesse la tête pour combler les trous béants que Shyamalan sème gaiment derrière lui.
Qui étaient ces quatre personnes qui attaquent la famille ? Des véritables Cavaliers de l'Apocalypse, des humains investis par le divin (dans ce cas : comment cela s'est fait ? Pourquoi eux spécialement ?), et pourquoi doivent-ils mourir (si seul le refus du couple déclenche la catastrophe - comme les premiers cataclysmes, en différés, nous le prouvent - pourquoi se sacrifient-ils quand même ?). Aussi, on soupire bruyamment en se disant que le scénario fait des erreurs assez bêtes, comme la logique qui voudrait que la Maladie (le Cavalier représenté par l'infirmière) écope du cataclysme du virus qui ravage la population, mais non, cela échoue à la Famine (aucun rapport, alors qu'échanger les deux effets de leurs sacrifices n'avait aucune incidence sur le scénario).
Aussi, allumer la télé pour prouver les dires des personnages est contre-productif, cela enlève tout le mystère, tous les doutes qu'on avait sur leur folie. Enfin, Dave Bautista peine encore à convaincre dans son jeu d'acteur, et Rupert Grint fait carrément office de rôle-éclair (si vous veniez pour le voir, demi-tour). Au final, on a surtout aimé le couple d'hommes (assez rare dans les films d'épouvante pour être mentionné, surtout qu'ici cela va de soi, on ne se pose pas la question) qui nous a fendu le cœur (alors qu'à l'inverse, on se fichait comme d'une guigne des quatre Cavaliers, assez mal écrits et dirigés), avec une petite fille mignonne à souhait, mais perdu dans un concept de base très mal exploité, et sans aucune surprise. Juste pour cette belle idée de trio attachant aux prises de l'Apocalypse qui frappe à leur porte, vous pouvez toujours y jeter un œil, au travers du Juda.