Les sales gosses
Nicolas Cuche, c’est La Chance de ma vie, Prêt à tout, Après moi le bonheur,… bref que du très mauvais ! Ça ne donnait pas vraiment envie de remettre le couvert. Eh bien ces 95 minutes, sans faire dans le génie, sont moins pires que prévu. Paresseux, capricieux, fêtards, les trois enfants de l’homme d'affaires Francis Bartek ne font rien de leur vie, à part dépenser l’argent que leur père a durement gagné. Lassé par leur comportement, celui-ci leur fait croire qu’ils sont totalement ruinés, les forçant ainsi à faire l’impensable: travailler ! On est très loin du chef d’œuvre, même de la comédie de l’année. C’est plan-plan, parfois vulgaire, mais quand l’émotion affleure, on se dit pourquoi pas. Bon, cette réserve positive posée, c’est le type même du film évitable.
Les problématiques de départ sont intéressantes : les difficultés de transmission entre génération. Comment donner le goût de l’effort et du travail à des jeunes qui ont peut-être, grâce à leurs parents, une vie plus facile ? Comment faire face aux tentations des marques, de la mode, de la surconsommation ? Reste que les caricatures des 3 enfants sont à la limite du supportable : L’aîné qui tente de marcher sur les traces de son père dans le business mais qui est velléitaire et nul, la fille à papa gâtée, totalement écervelée, et le petit dernier soi-disant anarchiste qui est dans le rejet du système et de l’argent mais qui en profite à fond. Type même de la comédie feel good à la française pleine de beaux sentiments, le film prend un soupçon d’intérêt quand la farce se retourne contre le farceur. Tout cela ne tient qu’à la qualité du casting qui sauve les meubles de ce qui aurait pu s’avérer un monument de laideur et de vulgarité. Mais il y a tellement mieux, tellement plus important, tellement plus grand sur nos écrans en ce moment que le choix est vite fait.
Gérard Jugnot, à lui seul, sauve une grande partie de l’entreprise. Très sobre, il campe un père désemparé et piégé. Un rôle plus nuancé que tous les autres. Car côté Camille Lou, Artus et Louka Meliava, on charge la mule avec délectation. Tom Leeb, lui aussi en fait des tonnes en beau gosse prédateur. Reste l’excellent François Morel qui s’avère un acteur d’une subtilité infinie. A quand un grand rôle pour ce merveilleux acteur ? Voilà, tout est dit. Il faut aussi savoir parler des mauvais films, même si, celui-ci n’est pas entièrement à jeter aux orties.