Réalisateur belge qu'il n'est pas interdit de trouver inégal, Joachim Lafosse est un habitué de la Croisette cannoise. C'est ainsi que "Les intranquilles" était cette année dans la compétition pour la Palme d'or et les autres récompenses. Avec un film ayant comme toile de fond une question rarement abordée au cinéma : comment un amour profond entre un homme et une femme peut-il continuer à vivre lorsqu'un des deux souffre de bipolarité ? Dans "Les intranquilles", on va s'apercevoir petit à petit que le comportement de Damien, un peintre ayant acquis une très bonne réputation, est celui d'un maniaco-dépressif : il prépare une exposition et cela le met en phase d'excitation, au point de ne plus dormir, de se mettre à vouloir réparer un vélo à 2 heures du matin, de faire des kilomètres en voiture à la recherche de quelques glaçons, etc. Face à cette situation, "Les intranquilles", ce n'est pas seulement Damien, ce terme désigne également son entourage et, pour assurer la sécurité de Damien, mais aussi la leur, son épouse Leïla et son père Patrick peuvent en arriver à des solutions extrêmes. Autour de Damien, il y a sa famille mais il y a aussi le monde extérieur, dont Serge, son galeriste, qui, lorsque Damien est en phase d'équilibre, le pousse sans arrêt à produire des toiles alors que Leïla est convaincue que l'action de peindre le replongera à coup sûr dans une phase maniaque. Très bien documenté sur la bipolarité, "Les intranquilles" est également très bien interprété, en particulier par Damien Bonnard dans le rôle de ... Damien et Leïla Bekhti dans celui de ... Leïla. Par contre, certaines scènes de la phase maniaque sont trop longues et maladroites : Joachim Lafosse a sans doute voulu montrer que, même dans la situation de crise qu'est une phase maniaque, il peut y avoir des moments de bonheur au sein de la famille mais ce qu'il montre apparait très artificiel. Quant à la fin du film, elle a, parait-il, été improvisée au tout dernier moment : eh bien, malheureusement, on ressent ce manque de préparation !