La vie avec un bipolaire: sujet intéressant que, à ma connaissance, le cinéma n'avait jamais traité. Il est peintre, elle est décoratrice; on pense évidemment au couple formé par Gérard Garouste et Elisabeth; l'autobiographie de Garouste s'intitule d'ailleurs L'intranquille! Pourtant, bizarrement, son nom n'apparait nulle part.
Au début du film, on voit Damien (Damien Bonnard, très bien) laisser son fils de huit ans environ ramener seul le bateau dans la calanque où la famille passe l'après midi, pour rentrer à la nage. Puis, les signes inquiétants se multiplient.
Il ne dort plus. Il se lève à deux heures du matin pour réparer un vélo, et part faire les courses à sept; il entame la préparation de trente six plats en même temps. Il entraine les enfants dans des jeux qui finissent par leur faire peur. Il saoule tous ses amis par son agitation frénétique.
Et, tout aussi frénétiquement, il peint. Pour Leïla (Leïla Bekhti) qui le surveille comme le lait au feu, c'est clair: il ne prend plus son lithium et part à la dérive. Il devient violent des qu'elle essaye de le ramener à la raison: tu dois te soigner. Et au milieu de tout ça, il y a Amine (Gabriel Merz Chammah), qui adore ce père un peu spécial mais tellement présent.
Jusqu'au jour où il lui fait honte quand, en plein délire, il rentre dans la salle de classe prétendant emmener tous les enfants pique niquer au soleil...
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Ils ont une maison méditerranéenne dans un environnement splendide, ils s'aiment, ils ont tout pour être heureux mais la maladie est là.
Il est interné de force mais à sa sortie, c'est un légume, et surtout, Leïla n'a plus confiance... elle a peur pour son fils. Elle n'en peut plus: on la comprend.
Le film finit courageusement en eau de boudin. Or, si on regarde le parcours de Garouste on vit avec cette maladie! (Je parle bien de maladie car on a tendance à baptiser "bipolaire" des gens qui sont juste lunatiques.) C'est un gros reproche que je fais à ce film: planter là le spectateur en le laissant penser que tout ira de mal en pis.
L'autre reproche, c'est sa longueur. Beaucoup de plans qui s'étirent, très esthétiques mais.... inutiles. Pourquoi les réalisateurs ne savent ils plus être concis, et pas la même, plus percutants??