Jorge Riquelme Serrano décrit son film comme “un miroir, un portrait de la société chilienne. C’est un film douloureux, naturaliste et urgent, qui s’attache à faire réfléchir le public, d’une manière franche et douloureuse”.
À travers cette famille, c’est le Chili qu’a voulu représenter le réalisateur : “J’ai eu l’idée de prendre l’institution familiale pour nous montrer tous. Je me suis dit qu’avec cette famille, on avait une société, six personnages, des classes sociales, les beaux-parents avec le pouvoir économique détenu par la belle-mère, pouvoir que n’a pas le beau-père - il est le personnage parasite, attaché à cet argent, même s’il est une figure très puissante.” Il tenait à souligner le sentiment d’injustice sociale qui traverse son pays depuis quelques années : “il y a un réveil social après des années d’abus. C’est ce sentiment de vivre dans un pays très injuste, abusif sur tous les plans, très inégal, qui, avec une rage accumulée a éclaté en octobre 2019.”
Le réalisateur a confié deux rôles à Alfredo Castro et Paulina García, deux figures phares du cinéma et du théâtre chiliens. Il a écrit leurs personnages en pensant à eux : “Le grand défi pour travailler avec ces deux grands acteurs était d’arriver à les convaincre d’accepter ce saut dans le vide auquel je les invitais parce que j’ai tourné ce film en 10 jours. Ce n’est pas un tournage conventionnel - ce n’est pas 5 semaines de tournages, un scénario structuré. Mais ce qui pouvait être une faiblesse est devenu un défi d’acteur, ils se sont impliqués encore plus que dans un autre projet.”
C’est un ami de Jorge Riquelme Serrano qui lui a parlé de l’île de Chaullín. Il s’y est rendu avec Eduardo Bunster, le directeur de la photographie, et s’est tout de suite rendu compte que ce serait le décor de son film : “Elle lui donnait un contexte universel : les six personnages symbolisant, le temps d’un voyage de vacances, toutes les couches la société chilienne, en mettant en évidence ce que nous avons tous déjà vécu. Pour le public, c’est une invitation à voyager, à se connaître pour entrer dans les zones les plus obscures, les plus profondes, les plus douloureuses de l’être humain”.