On aura beau dire que c’est un peu de la redite et que cette licence n’en finit plus de resusciter comme les bons vieux boogeymans des films d’horreur, de Michael Myers pour la saga « Halloween » à Jason Vorhees pour celle des « Jason », le plaisir de retrouver l’essence des Rocky et de son succédané Creed est toujours intact. Mais ici l’éternel combat du challenger contre le champion s’adapte à notre époque et à l’évolution de nos sociétés et c’est assez divertissant pour ne pas s’en offusquer. Petit rappel : il y a presque cinquante ans (et oui déjà!), naissait ce qu’on pourrait appeler le film de boxe avec le classique « Rocky », porté par un Stallone encore méconnu. Le succès appellera quatre suites d’intérêt variable. Quinze ans plus tard, l’acteur qui commence à sortir de sa traversée du désert décide de faire renaître l’un de ses rôles les plus marquants, avec celui de Rambo, via « Rocky Balboa » qui demeure certainement l’un des meilleurs, en tout cas le plus émouvant, films de la saga. Puis, sentant l’âge arriver, Stallone a l’idée de passer le flambeau et de produire une saga avec le personnage du fils de l’un de ses anciens ennemis sur le ring, Apollo Creed. C’est ainsi que naît « Creed », la saga spin-off, avec Michael B. Jordan dans le rôle principal et Stallone en second rôle de luxe et producteur. Le premier, réalisé par Ryan Coogler (« Black Panther ») est plutôt bon mais le second fut très mauvais à tous niveaux, de la réalisation à la dramaturgie. Il a peut-être connu le succès mais Jordan en est conscient et reprend les rênes de la saga en s’émancipant, lui comme son personnage sans aucune ombre tutélaire. Donc sans Stallone. Avec lui à la caméra. Et l’héritage de Rocky Balboa laissé définitivement derrière. Et ce « Creed III » de se révéler une bonne surprise et un bon divertissement.
L’idée de faire revenir un fantôme du passé d’Adonis Creed, un frère de cœur de l’enfance, qui deviendra sa Nemesis le temps de cet épisode est plutôt bonne même si elle développe pas mal d’accointances avec un chef-d’œuvre de ce sous-genre du film sportif qu’est le film de combat : le magistral et déchirant « Warrior », qui n’a malheureusement pas eu le succès escompté à l’époque mais a gagné ses galons de film culte avec le temps. Et si Michael B. Jordan incarne toujours un Creed solide et bien à sa place et que le scénario le fait évoluer de manière convaincante en père de famille et entrepreneur accompli, c’est Jonathan Majors dans le rôle de son adversaire qui s’avère un choix plus que judicieux. En ami d’enfance, injustement emprisonné et avide de vengeance, il est terrifiant. Et c’est un méchant bien plus réussi que le surestimé Kang le Conquérant qu’il incarne chez Marvel. Son regard, son attitude, ses gestes et ses motivations le rendent détestables et crédibles. Il fout la trouille même, comme une bête déchaînée et c’est l’un des atouts indéniables de ce troisième volet. Ensuite, Jordan nous propose une mise en scène de goût pour son premier essai. Avec un budget confortable, il se permet même quelques idées originales et bienvenues dans les scènes de combat en plus de soigner l’ensemble de ces plans. Tessa Thompson joue un peu les utilités et on sait très bien comment cela va finir, tout comme on a droit aux sempiternelles scènes d’entraînement ou de pensum, mais l’art et la manière sont là et on passe un bien meilleur moment que pour le second.
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