Il y a des films qui font du bien, qui mettent du baume au cœur, qui ensoleillent votre journée, qui vous donnent le sourire à la sortie de la salle, qui vous embrument les yeux et tout simplement qui s’apparentent à des petits miracles de cinéma. « La fine fleur » est clairement dans cette catégorie rare. Bien sûr ce n’est pas du grand cinéma appelé à marquer les esprits d’une pierre blanche ou un incontournable mais c’est assurément un feel-good movie impeccable qui ravira presque tout le monde. Car on n’est pas non plus dans un film niais qui ferait fuir les cyniques ou même une œuvre de niche destinée à une catégorie de spectateurs spécifiques. Non, « La fine fleur » est fédérateur, presque universel sur certains points thématiques, et apte à plaire à un public large sans non plus partir dans le film populaire et sans aspérités. On peut comprendre qu’avec le sujet et le matériel promotionnel, certains aient peur d’un film du terroir pour public âgé ou d’un téléfilm générique transposé sur grand écran. Et bien il n’en sera rien et voilà pourquoi.
D’abord, « La fine fleur » nous permet une immersion passionnante dans un domaine peu connu : la création des fleurs, ici des roses en particulier et de la manière dont on les hybride pour créer de nouvelles variétés. Une plongée florale originale et inattendue. Sans rentrer dans des détails trop techniques mais avec un soin tout particulier à expliquer bien les choses, le long-métrage se révèle étonnement passionnant sur le sujet. Ensuite, si elle n’est pas à proprement parler renversante, la mise en scène est pourtant très appliquée et élégante avec quelques jolis plans et une belle mise en valeur du cœur du sujet : les roses donc. Pourtant, ce genre de film aurait pu se prêter à une réalisation tout juste illustrative mais ce n’est pas le cas et, de toute manière, ce n’est pas le genre de production qui pourraient supporter des plans à la David Fincher... Enfin, le script est d’une simplicité belle et renversante tout en traitant plein de thèmes passionnants et d’actualité comme il faut. De la privatisation du végétal en passant par le capitalisme sauvage, de la réinsertion de jeunes en difficulté jusqu’à la notion de passion et de talent, c’est fin comme le titre et très intéressant du début à la fin. Dialogues et situations sont d’ailleurs d’une justesse infinie et chaque aspect est discuté avec soin et pertinence.
Hormis toutes ces choses fondamentales à la réussite d’un long-métrage, il y a un tas d’autres aspects plus difficilement explicables qui font la réussite de « La fine fleur » de Pierre Pinaud. Un cinéaste rare puisque c’est juste son second film après, le tout aussi réussi, « Parlez-moi de vous » avec Karin Viard sorti il y a dix ans. Mais parfois tout ne s’explique pas et c’est aussi cela la magie du septième art... Et bien sûr le film peut compter sur l’incontestable talent de Catherine Frot, parfaite dans ce rôle qui semble avoir été écrit pour elle. Les seconds rôles sont tout aussi bons et bien dessinés mais ce sont les rapports entre elle et le personnage de Melan Omerta qui nous touchent en plein cœur. Une magnifique relation de cinéma qui pourra tirer des larmes d’émotion lors du final. Et puis que ce film sent bon, on a l’impression de pouvoir percevoir le parfum des roses. Il y a aussi beaucoup de petits moments drôles, que ce soit dans les répliques ou les situations, jamais poussives. Tout est question d’équilibre dans une comédie dramatique, de dosage (comme pour créer une rose d’ailleurs), et Pinaud nous offre un cocktail presque parfait qui ne peut laisser insensible. Du beau cinéma, simple, vrai et qui fait du bien dans ces temps compliqués.
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