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Yves G.
1 507 abonnés
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3,0
Publiée le 31 mars 2020
Kojin est kurde et homosexuel. Une identité difficile à vivre dans une société patriarcale et homophobe.
Le documentariste Diako Yazdani, kurde d'origine iranienne, réfugié politique en France depuis 2011, l'accompagne au Kurdistan irakien pour faire respecter ses orientations sexuelles et comprendre les racines de l'homophobie ambiante. Le dialogue est toujours enrichissant. Fin 2014, Mehrand Tamadon, un documentariste iranien, avait filmé les discussions qu'il avait eus, durant tout un week-end, avec quatre mollahs, à la recherche d'un impossible vivre-ensemble rassemblant en Iran musulmans et non-croyants. Le titre de ce documentaire : "Iranien".
"Toutes les vies de Kojin" aurait pu s'intituler : "Homosexuel". Est-il possible d'être homosexuel dans une société qui ne l'accepte pas ? La réponse est dans la question. Elle est négative. "Toutes les vies de Kojin" raconte l'homophobie viscérale qui prévaut dans une société musulmane traditionnelle. Il essaie de nous en faire rire, tant sont ridicules les propos tenus par un imam charlatanesque qui prétend guérir "du Sida et d'Ebola" et prophétise la fin de l'humanité si l'homosexualité se généralisait. Mais ils font froid dans le dos, ces avertissements plusieurs fois répétés : "si j'avais un **** dans ma famille, je le tuerai de mes propres mains".
Au passage, "Toutes les vies de Kojin" a le mérite de souligner en creux les avancées de nos sociétés occidentales qui, depuis quelques décennies, ont accepté la pluralité d'identités sexuelles et pénaliser leur discrimination. S'il n'est guère aisé d'être homosexuel au Kurdistan - et dans les dizaines de pays au monde qui pénalisent l'homosexualité - il est désormais sinon facile du moins permis de l'être en France.
Représentative de la moyenne bourgeoisie kurde éclairée, la famille du réalisateur récuse l'orientation sexuelle de Kojin en s'interdisant d'afficher trop ouvertement sa réprobation. La mère du réalisateur vit dans l'angoisse qu'on croit son fils homosexuel lui aussi. Elle exhorte Kojin à se faire soigner, persuadée que son état trouve uniquement sa cause - et son remède - dans la médecine. C'est là où le documentaire est particulièrement fin : moins dans la dénonciation répétitive de l'homophobie des plus radicaux, aussi outrancière qu'inquiétante, qui tourne vite en rond, que dans la présentation des sentiments du réalisateur et de sa famille, représentatifs de préjugés toujours tenaces qui n'ont d'ailleurs pas cours seulement dans les sociétés musulmanes les plus rétrogrades.
" Toutes les vies de Kojin " mérite largement mieux que ses 1000 spectateurs. En effet le réalisateur signe un documentaire très courageux et audacieux sur le parcours du jeune Kojin homosexuel vivant au Kurdistan, le réalisateur nous montre à quel point il est difficile de vivre et s'assumer son homosexualité dans des pays qui prône un islam radical et dur, à travers un récit poignant et un véritable plaidoyer contre l'homophobie et le traitement parfois inhumain des réfugiés.
On peut s'interroger sur le financement d'un tel projet. Symptomatique de l'état du cinéma français en 2020 qui subventionne (via le CNC) des projets que personne ne va voir au cinéma (986 entrées en plus de 6 semaines). Sans doute une idée chère au réalisateur mais qui devrait se retrouver autofinancée et diffusée sur YouTube.
Un premier long métrage poignant et drôle à la fois malgré un sujet plus que sensible. On en ressort estomaqué, tant il reste du chemin à faire. Merci à Diako pour son engagement !