Brian DePalma là ou il est le meilleur. Dans l’univers du polar, du film de gangster, le cinéaste nage comme un poisson dans l’eau. Au sortir de l’énorme succès du célèbre Scarface, DePalma travail sur commande en mettant en scène la chasse au charismatique parrain de la mafia qu’était Al Capone par les incorruptibles menés par Elliot Ness. Quoique l’on puisse en dire, The Untouchables est une démonstration de mise en scène, l’ami Brian rendant tout fait d’arme culte de par une approche artistique intelligente et une vision de l’action irréprochable. S’il se base notamment sur une série télé des années 60, l’histoire d’Elliot Ness et Al Capone est avant tout historique. Pour ne pas s’approcher d’une série qu’il juge peu intéressante et pour ne pas tomber dans les pièges traditionnels du récit historique, DePalma choisit d’inclure à son œuvre un coté fantasque totalement personnel.
Dès lors, son film n’est ni une biographie ni une reprise, il s’agit d’une œuvre totalement indépendante, qui plus est au casting vertigineux. C’est d’ailleurs là que commence officiellement la carrière fulgurante de Kevin Costner, star incontournable des années 90. Si le jeune acteur paraît parfois maladroit ou trop bienveillant, ses revers sont balayés par les énormes prestations du vétéran Sean Connery en patriarche policier bienveillant et de Robert DeNiro, que le réalisateur voulait absolument dans le costume de Capone. Si le tournage, pour DeNiro, n’aura duré que deux semaines, il s’agit là d’une apparition fulgurante sous les traits du plus mythiques des gangsters italo-américains de l’histoire de la pègre. L’exubérance, le coté soupe au lait du bonhomme offrent quelques joutes verbales de toutes beauté, dans un décor fastueux qui ne l’est pas moins.
La reconstitution du Chicago des années 30 est également une réussite majeure et incontournable de ce film depuis longtemps culte. Véhicules, façades d’immeubles, ruelles sombres et austères mais aussi les costumes et les décors intérieurs rendent impeccable la lecture d’un film qui renvoie de la plus belle des manières à une époque que personne d’entre nous, ou presque, n’a pu connaître. La musique d’Ennio Morricone, kitsch et adaptée à l’époque, renforce le coté fantastique du film, dans une certaine mesure, son aspect artificiel qui permit à DePalma de réaliser un film innatendu là ou les studios misaient sur une Blockbuster.
Il est vrai que la naïveté prend parfois le dessus. Les incorruptibles, en ce sens, n’offre pas toutes les qualités que pouvait avoir Scarface, La parrain de Coppola ou le prochain L’impasse, du même DePalma. Toutefois, les défauts du film sont gommés, en grande partie, par une mise en scène formidablement inventive, je pense là à l’assassinat d’un certain personnage principal ou encore à la fusillade de la gare centrale, grâce à une reconstitution fastueuse d’une époque révolue et grâce à un casting de toute première classe. Pas parfait, certes, mais sacrément incontournable tant il est captivant de savoir comment Ness et ses irréductibles flics droits ont mis Al Capone derrière les barreaux. Incorruptibles, certes, mais surtout incontournables. 17/20