Film moyen que L’Elue. Pas un ratage, mais il faut avouer qu’il y a des loupés assez gênant.
Le premier d’entre eux, celui qui m’a le plus frappé, c’est l’intégration très laborieuse du fantastique. On dirait que Russell a voulu l’introduire sans l’introduire, juste pour mettre quelques effets spéciaux, et c’est franchement pas du tout convaincant, venant alourdir inutilement le métrage et laissant très frustré. Surtout par rapport à la fin, qui va surement laisser dubitatif pas mal de monde avec une séquence assez ridicule. Encore pour le reste on pouvait dire « c’est des hallucinations » mais dans les dernières minutes il y a une scène tout à fait raté et risible.
Ensuite l’absence de construction des personnages secondaires. Celui de Ricci ne vaut pas un clou, celui d’Angela Bettis est trop délaissé, c’est assez problématique. Surtout qu’il y avait de quoi exposer davantage ces rôles, portés par des actrices de qualité.
Enfin le film se permet trop de facilité (l’introduction de Ian Holm en faisant partie), et finalement l’histoire, pas mal en soi, pâtie assez sérieusement d’un déroulé trop chaotique. Il y a des rebondissements pas crédibles, et L’Elue devient du coup un thriller un peu incohérent.
Bon, cela étant dit le film a des atouts. D’abord le bon jeu de Kim Basinger, qui endosse un rôle solide et construit, tout l’inverse de ses consœurs. L’actrice est plutôt à l’aise et joue finement la femme fragile mais motivée par une volonté sans faille qui veut aller jusqu’au bout. En face, Rufus Sewell est lui aussi brillant, et arrive à rendre crédible un personnage assez caricatural. Un peu déçu par Jimmy Smits, qui ne se loupe pas mais s’avère parfois assez fade.
Si l’histoire a des problèmes, en revanche il faut avouer que le rythme reste assez prenant, et que l’intrigue a des atouts. Le film se montre ambitieux, et si l’on excepte la très mauvaise introduction du fantastique et les facilités, on a finalement quelque chose d’assez solide qui aurait pu probablement offrir un excellent thriller. En tout cas tout n’est pas à jeter, et certaines scènes sont bien sympathiques.
Pareillement, visuellement pas grand-chose à redire. Si on regrettera des décors et une photographie qui joue souvent la carte de l’académisme et ne se mouillent pas mais qui restent corrects, on appréciera en revanche la bonne mise en scène de Russell. Celui-ci utilise ses compétences rodées dans la série B et offre un film bien réalisé, avec un rythme enlevé, des effets de style maitrisé, et son sens du spectacle. Les effets spéciaux pour leur part ont un peu perdu certes, mais le film date de 2000, c’est plus tout jeune, et les créatures sont loin de démériter. Pour ma part ce n’est pas du tout là-dessus que je critiquerai L’Elue. La bande son est déjà plus problématique puisqu’elle a été pour ainsi dire oubliée en route.
En fait L’Elue m’a en effet déçu pour une réalisation Chuck Russell. J’attendais un film plus maitrisé sur le fond, quitte à être moins ambitieux mais plus spectaculaire et plus direct. Russell est un spécialiste de l’efficacité pure, et ses meilleurs films sont des séries B pas très réfléchi qui en donne pour leur argent au spectateur. Ici on sent qu’il a voulu monter en gamme, et le résultat est bancal. Reste de bonnes choses, comme Basinger et Sewell, sa mise en scène, un rythme correct, bref, des éléments qui, mit bout à bout me font lui donner la moyenne. Je lui aurai mis 3 sans cette fin lénifiante gâché par le fantastique.