Simon Stone est une main, guidée par les intérêts d’une plateforme qui ne cherche pas plus qu’à déterrer quelques clics supplémentaires. Cependant, le réalisateur australien prend soin de placer méticuleusement son sarcophage doré dans l’antre de l’espérance, là où ne nous l’attendions évidemment pas. Etant donné l’estampille « histoire vraie », il n’y avait qu’à surfer sur l’occasion de rendre cette ballade à terre battue plus crédible et plus émouvante. Le film semble alors trouver un bon équilibre sur le concept fondamental des témoins du temps et du temps lui-même, témoin de l’Homme. Cette adaptation du roman éponyme de John Preston trouve ainsi une sublimation, certes inégale dans l’ensemble, mais qui réconforte dès lors que l’on confronte la galerie de personnage à cette découverte des plus remarquable et des plus mélodramatique.
L’archéologie s’illustre non plus avec des fouets et autres surprises à coup de tombeau piégé. Ici, nous sommes bien armés de sentiments et de bonnes intentions, malgré la convoitise qui rôde autour du site de Sutton Hoo. Le tertre funéraire appelle ainsi à la clarté et l’espérance de vie des protagonistes, à commencer par la veuve et mère Edith Pretty (Carey Mulligan). Nous pouvions déjà le sentir dès les premiers plans, qui empruntent au contemplatif, sans sa forme la plus classique, pour ne pas dire académique. Mais ce serait la même erreur de jugement que de se contenter de cette strate, alors que d’autres merveilles viendront justifier cet accompagnement solennel et touchant. Cette femme est bel et bien torturée par ce qui lui restera après sa disparition. Et ce tombeau s’articule avec précision autour de l’éternel souvenir des défunts. D’une certaine manière, elle finit par gagner à ce jeu dans le temps, où elle entre en symbiose avec ce vestige du VIIe siècle. C’est à la fois un miroir tragique et une réalité qu’il convient d’entretenir et de partager avec le plus de monde possible.
Seule face à la crise, elle trouvera tout de même du soutien en la personne de Basil Brown (Ralph Fiennes), l’astronome et archéologue réhabilité dans le temps. Il ne constitue pas une roue de secours des plus efficace, mais possède tout de même suffisamment de flair, afin de croiser la science et l’éthique. Au fur et à mesure que l’on creuse un peu plus vers la vérité, de nouveaux personnages viennent se greffer au projet et à cette ambition, qui mesure avant tout leur sensibilité. Chacun donne de son intimité afin de renvoyer toute une énergie valorisante pour une fouille des plus prometteuse. Fouler ses terres impures conduit donc des hommes, venus d’ailleurs. Toutefois, notons que la résistance de la bourgeoise Pretty l’emporte constamment, malgré les cicatrices qu’elle porte à visage découvert. Tout passe par un jeu de regard perçant, qui n’aboutissent pas toujours ou qui se cantonne à une approche classique et prévisible de la chose. Le cas de Peggy Preston (Lily James) le justifie, de même que pour le mari Stuart Piggott (Ben Chaplin).
Ce n’est donc pas une question d’interprétation, mais encore de narration, qui s’éparpille sans doute un peu trop dans l’espoir de varier les goûts, les mauvaises romances et surtout de pointer la spontanéité, qui restera assez loin des esprits. « The Dig » soulignera néanmoins l’effort de verser de la poésie et du frisson sur cette richesse, qui ne s’estime pas uniquement à la valeur marchande ou patrimoniale d’un tombeau. L’œuvre prône une délicatesse aux vertus thérapeutiques, en complicité avec un destin des plus bouleversant, à l’aube d’une révolte mondiale.