Vu au ciné "MAIGRET" de Patrice Leconte, le réalisateur aux multiples facettes adapte à nouveau Georges Simenon, ici à travers son célèbre commissaire.Après Gabin et multiples autres interprètes autant à la télé qu'au cinéma revoici une enquête du célèbre policier du "36 Quai des Orfèvres", "Maigret et la jeune morte" en l'occurrence.Mise en scène appliquée, atmosphère et décors années 50, tout est fait avec application et minutie, mais plus que l'intrigue elle-même c'est plus le personnage de Maigret qui intéresse le cinéaste, un commissaire en fin de carrière, essoufflé, fatigué, blasé, qui ne peut même plus fumer sa pipe, un homme qui plus que de s'intéresser à l'assassin est fasciné par cette jeune victime qui renvoie cruellement à sa vie personnelle.D'ailleurs le film commence par une auscultation et tout le film "ausculte" ainsi ce personnage de commissaire et pour l'interpréter il a trouvé le comédien idéal: GÉRARD DEPARDIEU, qu'on n'avait pas vu dans un aussi bon rôle depuis des années et qui confirme ici sa stature et son aura singulière: avec une belle sobriété teintée d'une lasse mélancolie, une vraie sensibilité sousjacente, sans en faire beaucoup, l'acteur nous envoûte l'air de rien, par sa démarche, ses regards, il incarne véritablement Maigret (d'ailleurs Simenon le décrivait ainsi, "pachydermique, lent, instinctif"). D'un beau classicisme, qui pourrait paraître aujourd'hui suranné, au scénario certes sans surprise, le film est surtout une redecouverte de ce grand acteur qu'est Gérard Depardieu, rien que pour lui et sa belle incursion avec Leconte dans l'univers de Simenon...