L’eau, c’est la vie !
On connaît peu d’acteurs ou d’actrices plus engagés qu’Aïssa Maïga dans tous les combats d’aujourd’hui : le féminisme, la liberté d’expression, le réchauffement climatique, la sort de l’Afrique Noire, elle-même étant d’origine ivoirienne. Pour son 1er film, elle a choisi de nous emmenés dans le nord du Niger, entre 2018 et 2020, pour raconter l'histoire du village de Tatiste, victime du réchauffement climatique, qui se bat pour avoir accès à l’eau par la construction d'un forage. Chaque jour, Houlaye quatorze ans, comme d’autres jeunes filles, marche des kilomètres pour aller puiser l'eau, essentielle à la vie du village. Cette tâche quotidienne les empêche, entre autres, d'être assidues à l'école. L'absence d'eau pousse également les adultes à quitter leur famille chaque année pour aller chercher au-delà des frontières les ressources nécessaires à leur survie. Pourtant, cette région recouvre dans son sous-sol un lac aquifère de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Sous l’impulsion des habitants et par l’action de l’ONG Amman Imman un forage apporterait l’eau tant convoitée au centre du village et offrirait à tous une vie meilleure. Les intentions sont nobles, l’indignation partagée, la conviction évidente, la forme de ce documentaire ne parvient pas à nous convaincre et même pas à nous intéresser au drame censée se dérouler devant nous. À force de transformer les femmes ou les enfants en exemples de volonté ou d’espérance, la cinéaste passe à côté de son sujet, le délitement du présent, jusqu’à se détourner de sa dimension ethnologique comme de son inquiétude originelle. Raté !
Le documentaire se focalise sur Houlaye, une adolescente de 14 ans qui s’occupe de ses deux petits frères lors des absences répétées de leurs parents, pris par leur travail. Hélas, tout ce petit monde, - sauf l’instit qui reste le seul sourire de ce film aussi plombant que le soleil du désert -, est mal à l’aise devant la caméra. On sent la tentative de direction d’acteurs, vaine tentative au demeurant. Mais comment pouvait-il en être autrement quand on sait que si l’équipe technique était réduite, elle était toujours accompagnée de quatorze militaires, de policiers en civil, de plusieurs chauffeurs, de deux véhicules blindés et de grosses voitures. Et pourtant, cette cause valait pieux que ce docu mou du genou quand on sait que dans le monde, environ 2,2 milliards de personnes n’ont pas d’accès direct à l’eau potable. Chaque jour, ce sont 10 000 personnes qui succombent en raison du manque d’eau ou de maladies dues à la consommation d’eau contaminée. Le Niger est frappé de plein fouet par le changement climatique et les sècheresses à répétition. Mais il est aussi l’un des endroits au monde où le combat des communautés rurales et de leurs habitants pour résoudre ce problème, avec le soutien du gouvernement, est le plus déterminé et dynamique. Selon l’OMS, d’ici 2025, plus de la moitié de la population mondiale vivra dans des régions soumises au stress hydrique. Alerte rouge ! Hélas, n’est pas Depardon ou Wiseman qui veut. Les belles images, les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bn film documentaire… La preuve