Alors là, je ne sais vraiment pas quoi dire. Déjà, ce n’est pas moi qui ai choisi le film mais des spectateurs déterminés de 4 et 6 ans, avides de suivre les aventures de ces mini super-héros, parmi lesquels figurent les enfants des super-héros à peine moins mini d’un précédent film de Rodriguez, ‘Les aventures de Sharkboy & LavaGirl’, que je n’avais même pas daigné regarder en 2005 l’estimant très en-dessous de ma condition. Au programme, des pouvoirs trop choupinous, des cris (de requin) et des chants (télékinésiques) et des monstres gentils, oui, c’est un paradis. Et aussi des décors numériques avec le filtre de couleurs le plus criard et baveux qu’on ait jamais vu de mémoire de spectateur, pourtant habitué aux choix chromatiques warholiens de Netflix. Fort occupé à éponger discrètement le sang qui perlait de mes yeux, j’ai tout de même eu le temps de constater que les spectateurs miniatures appréciaient sincèrement le film. Mieux, qu’ils le vivaient, qu’ils s’imaginaient accomplir les mêmes prouesses que ces petits Inhumains qui babillaient à l’écran. Peut-être parce que je ne le regardais pas vraiment, je n’ai pas été trop insupporté par le ton du film qui, des bribes que j’en saisissais, semblait concentrer ce que le cinéma américain peut générer de pire lorsqu’il prend le parti de s’adresser exclusivement aux enfants.. Ni de m’offusquer de ces marmots-acteurs qui n’ont nul besoin de prothèses numériques pour être anti-naturels au possible, autre tendance lourde du divertissement familial de masse made in USA (“Si un enfant a l’air vrai, alors ce n’est pas un enfant montrable à l’écran”). Au fond, je vais arrêter de me moquer, ‘C’est nous les héros’ n’était définitivement pas un film qui m’était destiné : même au second degré, même entre les lignes, même en filigrane, il était impossible d’y accrocher en tant qu’adulte et peut-être que, quand j’avais l’âge de porter des shorts en mousse, un film comme celui-ci aurait pu acquérir un statut-mini-culte. Tout de même, j’en doute...