L'Huître et le vent : les secrets du tournage

L'Huître et le vent est l'adaptation du roman homonyme de Moacir C. Lopes. "Je savais qu'il serait difficile d'adapter au cinéma mon roman, explique l'écrivain, parce que la structure narrative du récit n'est pas linaire ; le présent, le passé et le futur s'entremêlent en permanence et la narration s'appuie sur le point de vue d'un personnage qui n'a pas de réelle existence - à part dans l'imagination de la jeune fille, Marcela. Marcela donne un nom à cette entité matérialisée par le vent : Saulo. Cette personne - ou chose - menace les trois autres habitants de l'île et tous ceux susceptibles d'y mettre un pied afin de pouvoir posséder totalement Marcela, la consumer. L'ouvrage est introspectif, il suit l'annihilation de chacun des personnages."

Après Inocência et Ele, o Boto, L'Huître et le vent vient clore une "trilogie du désir", "qui projette le désir humain comme partie intégrante de la nature majestueuse et indifférente". "C'est comme si, explique le réalisateur, le désir exprimait la force implacable qui nous rapproche des énergies qui nous entourent, nous rendent plus fort, et en même temps nous limitent. Et c'est en ce point précis que je retrouve l'humain, celui qui cherche éternellement sa liberté."

Walter Lima Jr. s'exprime sur les origines du projet : "On m'a souvent interrogé sur les raisons qui m'ont poussé à adapter L'Huître et le vent (...) La première chose qui me vient à l'esprit est : le cinéma ! Il offre en effet la possibilité de récréer un univers où se mêlent la réalité et le rêve ; c'est là le grand pouvoir de l'image. C'était un vrai défi de raconter en images l'histoire d'une jeune fille qui tombe amoureuse du vent ! Mais pour la plupart des gens, cette raison n'est pas suffisante. On pense qu'un réalisateur "du tiers-monde" doit avoir une raison plus valable de faire un film. Je réponds à cela que le grand cinéma - celui qui a l'art de capturer les images - est ce qui compte le plus pour moi. Et que cet art a besoin de regagner toute sa splendeur avant de devenir un objet de collection perdu au fin fond d'une cinémathèque."

Avec L'Huître et le vent, Leandra Leal, alors âgée de 15 ans, décroche son premier grand rôle au cinéma. Fille de l'actrice Angela Leal, elle commence à faire du théâtre dès 8 ans. Lors de son onzième anniversaire, elle participe à la série Confessões de adolescentes (Confessions d'adolescents), puis continue à jouer dans des telenovelas. C'est alors que Walter Lima Jr. la choisit pour interpréter le personnage de Marcela, une adolescente qui vit sur une île avec son père, José, et un vieil homme, Daniel.

Le personnage de Marcela a été difficile à incarner pour Leandra Leal, parce qu'elle devait jouer avec le vent, c'est-à-dire l'imaginaire. "J'ai donc usé et abusé de mon imagination, raconte l'actrice. J'ai aussi pris des cours d'expression corporelle. Mais c'est vrai que je suis quelqu'un qui compose ses rôles de façon instinctive. Marcela est une fille vraiment différente qui vit sur une île déserte. Pour m'aider, j'ai aussi beaucoup observé le comportement des animaux."

L'Huître et le vent a remporté le Prix Cinéma d'Avenir de la Mostra de Venise en 1997 ainsi que le Prix du Meilleur film de l'Association des critiques de São Paulo (APCA) en 1998.