Comme pour les deux films précédents de Pema Tseden, Tharlo, le berger tibétain et Jinpa, un conte tibétain, Balloon est tiré d'une nouvelle qu'il a écrite. L'inspiration de cette histoire lui est venue au début des années 2000, lorsqu'il étudiait à l'Académie du cinéma de Pékin. Le réalisateur se souvient :
"Un soir d'automne, je marchais dans le quartier et mon regard a croisé un ballon rouge qui volait dans le vent. Il m’a semblé qu’il s’agissait d’une image de départ très forte pour un film, alors j'ai commencé à imaginer d’autres plans qui pourraient s’y rattacher. Cette image clé m’a aussi renvoyé à une autre symbolique du ballon : celle du préservatif. C’est ainsi que le squelette de cette histoire a pris forme dans mon esprit."
A l'origine, Pema Tseden voulait faire de cette histoire un film et non une nouvelle, mais en raison de la censure et du financement, les choses n'ont pas pu se faire. "J’ai alors choisi d’en faire un texte littéraire, que j’ai publié. Bien plus tard, en 2018, j’ai pu réunir les conditions nécessaires pour mener ce projet à terme. J’avais finalement réalisé mon souhait", confie-t-il.
Toute l’action du film se passe dans les environs du lac Qinghai (dans la province du même nom. Kokonor est le nom mongol de ce lac, qui en tibétain est appelé Tso (lac) Ngonpo (bleu)). "Situer l'histoire là-bas me permettait d’utiliser l’ensemble des décors et des contextes dont j’avais besoin, pour les dimensions les plus réalistes du film comme pour ses passages oniriques. Le collège du Lac Kokonor est fictif, nous avons trouvé un établissement scolaire au moment des repérages et nous l’avons en partie transformé pour le tournage", explique Pema Tseden.
Il a fallu environ trois ans pour concevoir Balloon, mais le tournage à proprement dit a duré une quarantaine de jours. "Il n'y a pas eu de difficulté particulière, seules les scènes avec les animaux ont été plus délicates à tourner, notamment celle avec le bouc et les brebis", précise Pema Tseden.
Pema Tseden collabore pour la troisième fois avec le directeur de la photographie Lü Songye. Les deux hommes ont voulu que la caméra soit toujours en mouvement pour souligner l'état de tension des personnages. "La dominante de couleur est principalement froide pour correspondre à l'ambiance globale du film. Les intensités lumineuses permettent de souligner la distinction entre les parties dites réelles et les parties plus oniriques", se rappelle le metteur en scène.
La plupart des personnages secondaires sont interprétés par des non-professionnels. "En général, je ne leur donne pas le scénario, je décris seulement la situation qu’ils auront à interpréter. Il est important pour moi qu’ils n’essaient pas d’ajouter des intentions, mais qu’ils reproduisent les gestes qui sont les leurs dans la vie réelle", explique Pema Tseden.
Dans les rôles principaux, nous retrouvons Jinpa et Sonam Wangmo, qui étaient déjà dans Jinpa, un conte tibétain, et Yangshig Tso qui jouait la coiffeuse dans Tharlo, le berger tibétain. Le réalisateur précise :
"Pour s’imprégner du rôle de la fermière Drolkar, Sonam Wangmo a rejoint l'équipe en avance afin de s'informer sur les coutumes locales, la vie quotidienne, et a également appris les expressions des dialectes locaux. Yangshik Tso a également beaucoup travaillé pour se rapprocher du rôle de la sœur devenue nonne : elle s'est installée dans un couvent pendant deux mois pour partager la vie quotidienne des religieuses. Toujours dans le but d’être au plus proche de son personnage, elle a également coupé ses longs cheveux et s'est rasé la tête pour le tournage."