Deuxième long-métrage du studio DreamWorks, deux mois seulement après Fourmiz, Le Prince d'Egypte rompt brutalement avec l'atmosphère enfantine et innocente de son prédécesseur, et adapte librement le livre de l'Exode, puisant donc son histoire dans le récit biblique. Ce choix scénaristique a été un pari osé pour des débuts dans l'animation lorsqu'on connaît la sensibilité d'une partie du public à propos de l'adaptation des textes considérés comme sacrés. D'ailleurs, dès le début du film, quelques lignes sont rédigées pour rassurer les spectateurs les plus attachés à cette oeuvre mystique et rappeler la conservation de son esprit originel.
Le Prince d'Egypte est donc l'histoire de Moise, de son adoption par le pharaon Séthi Ier à son rôle de libérateur du peuple hébreu. Bien qu'étant lui-même né au sein de cette communauté, il est recueilli très jeune par la famille dirigeante d'Egypte à la suite de sa découverte dans un panier errant sur le Nil. Le jeune Moise grandit dans cet environnement confortable, aux côtés de celui qu'il prend pour son frère, Ramsès. Mais un jour, il croise la route de sa véritable famille, qui lui révèle sa véritable identité et bouleverse toutes ses certitudes. Commence alors une longue quête pour Moise, désigné guide de la libération des hébreux par Dieu et contraint d'affronter le pouvoir hostile de son frère d'adoption, qui devient son pire ennemi, déterminé à garder le contrôle sur ce peuple persécuté.
DreamWorks n'a jamais caché la maturité de cette production, destinée initialement à un public adulte. Toutefois, il serait trompeur et mensonger de ne la considérer qu'ainsi. En effet, on pourrait séparer le film en deux, avec une première moitié prônant une vision du monde simpliste et idéaliste à l'image des films Disney, et une seconde effectivement plus sombre et dramatique, déroulant le récit de l'Exode et de ses origines à travers l'Egypte. D'ailleurs, il me semble judicieux de souligner l'importance de la puissante musique d'Hans Zimmer (nominée à l'Oscar et au Golden Globe de la meilleure musique de film en 1999), qui sert parfaitement l'atmosphère tragique de cette partie du film, tout comme l'usage de lumières et de couleurs dignes d'un tableau.
Avec un budget de 70 millions de dollars, Le Prince d'Egypte est un véritable succès au box-office mondial, engrangeant plus de 200 millions de dollars de recettes. Les valeurs d'humanité et de solidarité promues par ce film dépassent les dissensions religieuses et forment un message de paix et de tolérance à destination de toutes et tous.