Les premières minutes du film sont quasiment parfaites. Y figurent des chants touchants, entraînants, à l'image du terriblement triste « Délivre-nous » et du plus léger « Tout ce que j'ai toujours souhaité ».
Les plans et l'animation y sont réussis ; les premières secondes, animées sur un mur en hiéroglyphes et dessins typiquement égyptiens sont originales et glaçantes; et l'ambiance, significative et plaisante, promet une suite de l'adaptation biblique sous de merveilleux auspices.
De plus, le scénario adapté des textes sacrés tient la route. Moïse, bébé, est abandonné au fleuve par sa mère, en dernier recours pour sauver la vie de son enfant voué à la mort, comme tous les autres bébés d'Egypte, selon les ordres du pharaon. Porté par le fleuve, échappant à tous les dangers de l'eau (dans une scène plutôt originale), il est recueilli par le Pharaon - le même qui avait demandé la mort de tous les nourrissons du pays quelques temps auparavant. S'en suit une séquence démontrant la relation entre Moïse et son beau-frère, empreinte d'une solide complicité et d'une compréhension mutuelle, malgré une jalousie, un tiraillement de l'aîné face à l'attitude désinvolte de son jeune frère. C'est très Disney, tout de suite manichéen, mais qu'importe, la mise en abyme est réussie. Que de bons présages.
Lorsque Moïse apprend sa véritable identité, le spectateur est compatissant, son dédale dans le désert est touchant, on souhaite qu'il s'en sorte.
Puis on tombe dans la mièvrerie la plus totale. Je ne parle pas des textes sacrés,en eux-mêmes, mais bien de leur adaptation plate et rapidement caricaturale. Une grande déception. Les chants emphatiques me donnent mal à la tête et la fatigue me gagne ; l'ambiance sombre, qui sied pourtant aux déferlantes de malédictions, m'exaspère, m'est pénible. Les vingt dernières minutes du film sont une torture. En bref, maintenant, quand mes sœurs regardent Le Prince d'Égypte, je regarde le début puis je m'en vais. Ça m'évite de m'arracher les cheveux de dépit.