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    Petite Nature
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Petite Nature" et de son tournage !

    Cannes

    Le film a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2021.

    Un film semi-autobiographique

    À l’instar de Party Girl, son précédent et premier long-métrage, Samuel Theis signe avec Petite nature un film en grande partie autobiographique, même s’il a pris plus de libertés avec la réalité : « Le film est né avec cette question : à quel moment dans la vie d’un enfant nait le désir d’émancipation ? C’est un film sur l’éveil - sur les éveils : affectif, intellectuel, sexuel. Filmer l’enfance, c’est toujours interroger les premières fois. »

    Différence de classes sociales

    Lui-même issu de la classe populaire, le réalisateur a grandi avec un sentiment de honte, qu’il retranscrit dans son film à travers le parcours de Johnny : « j’ai beaucoup lutté avec ce sentiment de honte, c’est sans doute ce qui m’a amené à faire des films. Plus que parler de moi, j’essaye de donner la parole aux gens qui ne l’ont pas. D’en faire les récits intimes, en respectant leur complexité. Ils sont d’un milieu défavorisé mais l’argent n’est pas au centre de leurs préoccupations, ils sont traversés par des problématiques plus amples que la simple survie. Là, c’est le récit d’une émancipation précoce, de l’enfant-transfuge si on veut. »

    La rencontre de deux mondes

    Contrairement à Party Girl, qui faisait appel à des acteurs non professionnels, Petite Nature compte parmi ses certains acteurs des comédiens confirmés comme Antoine Reinartz et Izia Higelin. Ceux-ci incarnent des personnages issus d’un milieu social différent de celui de Johnny et sa mère, comme l'explique le réalisateur : « il y avait l’idée de mettre en dialogue deux mondes qui se jouxtent. C’est important la question de la représentation des classes populaires au cinéma et pour moi, c’est difficile de faire incarner mon milieu d’origine par des comédiens. Je ressens la nécessité de filmer des gens issus de cette région, de ce milieu social, les visages, les corps, le langage. »

    Petite nature

    « Le titre du film opère comme un commentaire ironique, alors que Johnny fait preuve d’une force inouïe dans le film. Il y a l’idée qu’on doit définir sa propre nature, avec ses actes et ses choix. Que la culture réalise la nature. Le titre évoque aussi une vie encore courte, à dix ans, et un territoire trop étroit, une nature trop petite pour ce garçon », explique Samuel Theis.

    Éveil sexuel

    L’éveil sexuel d’un garçon de 10 ans est un sujet délicat à traiter. Dès l’écriture du film, le réalisateur tenait à rester du point de vue de son jeune héros : « C’est la proposition du film. Un film qui offre le regard d’un enfant sur le monde, et non un regard sur l’enfance. On est immergé avec lui dans sa découverte de la sensualité, dans son trouble, on tâtonne avec lui. » Conscient que ce sujet est encore tabou, Samuel Theis savait qu’il avait une responsabilité : « Il faut se demander jusqu’où on montre. J’ai choisi de rester du côté de la restriction, de la pudeur. »

    Un sujet délicat

    Montrant le désir d’un enfant pour un adulte, Petite Nature se risque à traiter d’un sujet délicat, qui plus est dans un contexte où les violences sexuelles et le harcèlement sont au centre des conversations. Le réalisateur explique : « Sur ces questions, il est clair que le climat actuel peut être effrayant. Le problème, c’est que la forme de ces affrontements ne permet pas le débat, interdit tout propos nuancé. Les expériences humaines sont plus diverses et mystérieuses qu’un débat outré. Je pense que les films doivent se permettre de parler de tout et faire fi de ces espèces de campagnes médiatiques. Par contre, le réalisateur ne peut pas éviter la question morale de son film. C’était très important pour moi, la réponse de l’adulte au désir débordant de l’enfant. Le film y répond très clairement ». Ayant vécu personnellement la situation – celle d’un enfant projetant son désir sur un adulte –, le cinéaste voulait répondre au réel par la fiction. Il était vital pour lui que l’adulte ait un comportement irréprochable : « La différence entre l’adulte et l’enfant, c’est que le premier est responsable de ses actes alors que le second ne l’est pas. »

    Une révélation

    Petite nature marque les débuts au cinéma d’Aliocha Reinert. Il a été trouvé à l’issue d’un long casting sauvage en Lorraine. Le réalisateur se souvient : « On a longtemps cherché, je souhaitais un garçon qui soit délicat et déjà habité par des questions de sexualité ou de genre. Et Aliocha s’est présenté, avait de longs cheveux blonds et faisait de la danse ». Il a bien pris soin d’avertir les parents du jeune garçon de la teneur du film et ce sont eux qui ont laissé leur fils décider : « Il a demandé un temps pour réfléchir et j’ai trouvé ça très beau. Il m’a rappelé quelques jours plus tard en me disant qu’il se sentait capable de défendre ce rôle et qu’il en avait envie. Aliocha n’est pas Johnny et j’ai trouvé sa décision et ses motivations très courageuses ».

    Casting sauvage

    Mélissa Olexa, qui incarne la mère de Johnny, est elle aussi une actrice débutante. Elle travaille d’ordinaire en tant que femme de ménage à Metz. Elle s’est présentée au casting par pure curiosité. « Mais derrière ces mots, j’ai tout de suite senti son engagement, son désir pour le cinéma qui était très fort. C’est très beau de les voir s’abandonner progressivement à leur désir et se professionnaliser durant le tournage », confie le réalisateur.

    Forbach et la Lorraine

    Comme dans Party GirlSamuel Theis continue à explorer sa ville et sa région natales. « Pour l’instant, je n’en ai pas fini avec ce territoire. J’aime bien l’idée que mes films recouvrent à la fois une identité sociale et régionale. » Il estime qu’il y a un manque de représentation dans les médias de ce territoire et de la classe populaire. « Ce n’est pas gagné de faire des films comme les miens, ce n’est pas assez glamour de filmer les classes populaires, des visages inconnus. Pourtant, il y a une riche histoire de ce côté-là du cinéma : Pialat, les Dardenne, le néo-réalisme italien. Pour revenir à Forbach, j’aime croire que mes films dialoguent entre eux : Party Girl était le récit d’une femme qui veut échapper à la société alors que Petite nature est centré sur un garçon qui veut à tout prix y entrer ».

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