J'aime bien le cinéma de Guillaume Brac, surtout ses Contes de juillet, mais là, sur une thématique somme toute assez similaire, il m'a réellement mis une claque. C'est absolument tout ce que j'aime... C'est l'été, il fait beau, il fait chaud, on rencontre des gens, on se tourne autour et surtout on est habité par l'espoir de tremper le biscuit. Brac arrive à parfaitement retranscrire ça dans son film et bien plus encore.
Parce que oui le côté drague est présent, mais en multipliant les personnages venant de milieux sociaux très différents il arrive à créer une véritable alchimie entre des gens pas si différents que ça finalement, ou au contraire réussir à les opposer parce que le gouffre social qui les sépare est trop important, il arrive à toucher du doigt ce que sont les relations hommes/femmes à travers ses différents personnages et difficile pour le spectateur de ne pas s'identifier au moins à un moment à l'un des personnages
C'est donc un film où des gens qui travaillent vont devoir demander des vacances pour rejoindre des bourgeoises qui ne travaillent pas dans un village de la Drôme... Tout un programme...
Et on ne va pas se mentir, ce n'est clairement pas l'idée du siècle de traverser la France pour retrouver une fille que tu viens de rencontrer la veille... Mais c'est ça qui est délicieux, cette accumulation de malaises, de moments où on sent que les personnages ne sont justes pas aussi doués qu'ils veulent bien le prétendre, où on voit qu'ils n'ont pas le recul nécessaire pour faire correctement les choses... Et lorsque ça se passe mieux, ça met un peu de baume à notre petit cœur de spectateur émotionnellement très investi dans le long métrage.
En effet, les personnages sont vraiment très bien écrits, j'ai vu Brac dire qu'il y avait pas mal d'improvisations et ça se sent, dans le bon sens du terme, tout ça fait terriblement vrai... Donc ce Félix, grand gaillard qui n'a pas l'air d'utiliser sa tête et qui est prêt à péter un câble pour trois fois rien, moi j'y crois... Tout comme je crois à ses acolytes, aux filles qu'ils convoitent... Il y a un naturel fou qui se dégage d'eux et donc il est vraiment difficile de ne pas prendre ces vacances au bord de la rivière très au sérieux.
Concernant les couples, celui que je préfère c'est peut-être celui entre les deux types qui deviennent amis en se rendant compte que finalement malgré leurs différences ils ont le même problème avec les filles. Le Édouard est d'ailleurs assez fabuleux à tenter de faire croire qu'il gère avec les filles alors qu'on voit à des kilomètres que non, absolument pas...
Tout ça m'a profondément touché... surtout que mine de rien les personnages évoluent quand même (parfois au point de retourner à la case départ) et de manière assez subtile. Disons que je n'ai jamais eu l'impression que de voir Brac nous souffler à l'oreille : « regarde, il va se passer ça parce qu'il faut qu'il se passe ça dans mon scénario... », au contraire tout se fait naturellement, avec beaucoup de justesse...
Puis, je dois bien le dire, on a sans doute le plus beau regard sourire d'une fille qui sait qu'elle va se faire baiser et qui ne demande que ça...